
Vous vous êtes baladés sous les arcades de l’Hôtel de ville au cours de ces dernières semaines ? Alors vous avez inévitablement aperçus dans la galerie se situant en face de l’Estampille, l’exposition « Monde à l’envers » du collectif Ansthelle que vous allez découvrir dans cet article.
C’est dans ce lieu que le collectif Ansthelle a décidé d’exposer sa dernière production. Au cours d’un entretien, ils nous ont livré tous les tenants et aboutissants de ce projet qui se veut novateur et prospectif.
Entre divergences et similarités : un duo qui « matche bien »
Le collectif Ansthelle est une équipe de 2 designers : Antoine Bouré et Esthelle Frois. Ils se rencontrent pendant leurs dernières années d’études à l’ESADSE (Ecole Supérieure d’Art et Design de Saint-Etienne) et se rendent compte que leurs pratiques, bien que différentes, se révèlent être, en réalité, complémentaires.
Elle, en parcours « Espace », lui en « Numérique », ils parviennent à développer une thématique et une identité commune qui allie les questions de l’espace et du numérique. Dans le cadre d’une réflexion autour du rôle des objets et de leur présence dans l’espace, ils mettent sur pieds leur dernier projet « Monde à l’envers » .
« Monde à l’envers » n’a pas pour vocation d’être une exposition classique où les visiteurs se contenteraient d’observer les différentes œuvres. Au contraire, ils sont de véritables acteurs. On vous en dit plus dans la suite de l’article.
L’exposition « Monde à l’envers » du collectif Ansthelle, un projet imprégné de la culture pop
Ce qui nous lie avant tout c’est la culture pop, tout ce qui est la culture geek, les mangas, le Japon, les animés, la musique, le cinéma, la science-fiction en général. Dragon Ball, Akira… On a des références qui sont très connues dans l’univers du design mais on a également des références qui parlent à tout le monde. On s’inspire de tout. Pour nous, il n’y a pas de hiérarchisation de la culture.
Le nom de l’exposition « Monde à l’envers » est un clin d’œil à la série Stranger Things avec l’Upside Down, ce monde démoniaque et angoissant. Néanmoins, l’exposition est basée, dans son essence, sur le mythe des Tsukomogamis. On vous explique : le mythe des Tsukomogamis est une légende japonaise ancestrale qui dit simplement que les objets qui atteignent l’âge de 100 ans, deviendraient vivants et hanteraient leurs propriétaires.
C’est donc dans un univers complétement étrange et dévasté que vous voyagerez en explorant cette exposition. Tablette en main, vous découvrirez les diverses réalisations futuristes des deux designers. Une expérience tout à fait hors du commun…
Ce que l’on souhaite, c’est avant tout de faire réfléchir les visiteurs. Au-delà de l’aspect esthétique, il y a toute cette volonté d’éveiller et de solliciter leur imagination. C’est aussi pour cela que l’on a souhaité ne pas leur donner de substance matérielle. On ne voulait pas restreindre leur imagination à ce que nous on pouvait imaginer.
« Monde à l’envers » du collectif Ansthelle : un projet en collaboration avec des enfants
Soutenu par le dispositif « Création en cours » qui vise à mettre en relation des artistes avec des écoles primaires partout en France, « Monde à l’envers » s’envole pour Martigny-le-Comte, une commune du département de Saône-et-Loire de 400 habitants.
L’idée de ce dispositif est d’amener la culture dans les endroits où elle n’est pas très accessible, voire carrément absente. On est venus vers eux avec cette idée de projet : leur faire questionner leurs objets ; pas forcément le rapport fonctionnel qu’ils ont avec eux mais peut-être un côté plus sensible, leur âme quoi.
Ainsi, durant plusieurs mois, le collectif Ansthelle est allé chaque semaine à la rencontre des enfants de l’école primaire du village. Les enfants ont dessiné sur papier des objets du futur, un futur proche ou plus lointain en fonction de leur projection dans l’avenir. Ce sont ces dessins qui ont par la suite inspiré les designers pour l’exposition. Chaque visiteur est d’ailleurs invité à s’exprimer sur les différentes structures et à expliquer ce qu’ils pensent reconnaitre.
On leur a longuement parlé de science-fiction, on leur a montré une partie de ce que pouvait être le futur. On a tenu à leur faire prendre conscience que leur imagination ne devait pas être bridée. Au final, on observe une certaine simplicité : les enfants se sont plus tournés vers des objets du quotidien. Il y a une forme de poésie aussi, mêlée à une certaine innocence.
De beaux projets qui s’annoncent dans les prochaines semaines et prochains mois
Pour clore cette exposition, les designers souhaitent réaliser et partager sur leurs réseaux sociaux un livret qui reprendrait les commentaires de tous les visiteurs accompagnés de l’explication de l’enfant. Il leur tient également à cœur de parvenir à organiser une exposition de « Monde à l’envers » à Martigny-le-Comte.
En plus de ces différents événements, on souhaiterait sincèrement faire une exposition-restitution de ce projet pour les habitants de Martigny-le-Comte. L’événement avait déjà été programmé, malheureusement à cause de la situation actuelle, on a dû le repousser à plusieurs reprises. Malgré tout, on va tout faire pour au moins leur montrer une partie de leur travail. On considère vraiment les enfants comme des collaborateurs. Ce serait dommage que les créateurs des œuvres ne puissent pas voir l’expo. C’est l’avenir de Martigny-le-Comte qui nous a aidé à produire ça. Ca nous tient à cœur de le partager avec les habitants du village.
La deuxième partie de l’exposition : « Monde à l’envers : fusions » fera prochainement son apparition dans le Hall de l’Hôtel de ville. Cette seconde partie a, elle, été réalisée en collaboration avec 4 adultes stéphanois.
L’exposition sera également présente lors de la France design week ainsi que l’édition 2022 de la biennale internationale du design de Saint-Etienne mais dans une forme plus aboutie.
Un avant-goût de la biennale…
Pour la biennale, on souhaiterait travailler avec une troupe de théâtre qui est sur Paris : le collectif Bolide avec qui on est amis. On les avait déjà conviés lors de notre exposition « Erreur de conception » où ils avaient présenté une performance entre les arts vivants et l’exposition. Ce dont on a envie, c’est de renforcer cet échange avec eux. L’idée ce serait que ça soit eux les guides de l’exposition. On est convaincus qu’ils auront le pouvoir de faire vivre l’expérience d’accueil, de fascination. On souhaite qu’ils viennent habiter l’exposition par leur jeu, leur corps, leur manière en fait d’attirer le visiteur. Ça crée encore un autre niveau de lecture qui nous parait super important.
L’article vous a séduit, a éveillé votre curiosité ? Il vous suffit de prendre contact avec les designers par le biais de leurs réseaux sociaux. Vous pourrez alors fixer un rendez-vous pour découvrir l’exposition. C’est une visite personnalisée et surprenante qui vous attend…
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Instagram : an__sthelle