Malgré la crise, les défaillances reculent dans tous les départements et secteurs d’activité.
Le groupe Altares – expert historique et référent de l’information sur les entreprises – dévoile aujourd’hui les chiffres des défaillances d’entreprises en Auvergne-Rhône-Alpes pour l’année 2020. Dans la région, le nombre de défaillances plonge de 42,1% par rapport à 2019 : une réalité statistique paradoxale au regard de la force de la crise économique et sanitaire.
Le nombre de défaillances d’entreprises en Auvergne-Rhône-Alpes recule de 42,1 % en 2020, la région résiste mieux que la moyenne
Avec 3 446 procédures enregistrées dans la région, le niveau global des défaillances a reculé en un an de 42,1 %. Malgré la férocité de la crise de la Covid-19 et son impact sur l’économie, les pronostics de défaillances pour 2020 ont tous été déjoués. Les mesures prises au printemps 2020 pour aider les entreprises à tenir (notamment le gel de la date des cessations de paiement dès la mi-mars) ainsi que le nouveau plan de mesures déployé avant l’été (Fonds de solidarité, Prêt Garanti par l’État, exonération ou report de cotisations, activité partielle), ont permis de protéger les entreprises de la faillite.
L’Auvergne-Rhône-Alpes semble par ailleurs avoir mieux résisté que l’ensemble des régions : les défaillances hors sauvegardes ont reculé de 38,6 % sur le territoire national contre 42,1 % en Auvergne-Rhône-Alpes.
Les défaillances en recul dans tous les départements
Tous les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes observent une baisse des défaillances d’entreprises. La Haute-Loire enregistre le plus fort recul (-57,6 %) après une année 2019 déjà favorable durant laquelle les cessations de paiement avaient baissé de plus de 22 %. C’est également le département qui concentre le moins de défaillances en 2020 (50) devant le Cantal (54).
Le Puy-de-Dôme observe la deuxième plus forte baisse des défaillances en 2020 : – 50 % après une hausse de 6 % en 2019.
C’est logiquement le département du Rhône qui concentre le plus grand nombre de défaillances (949), devant l’Isère (564) puis, au coude à coude, la Loire (335) et la Haute-Savoie (332).
Un recul moins net chez les entreprises de plus de 50 salariés
Si le niveau de défaillances a fortement chuté pour les TPE et les entreprises de moins de 50 salariés (respectivement – 42,5 % et – 34,1 %), le recul observé sur les entreprises de plus grande taille (- 31,3 %) ne fait qu’annuler la dégradation enregistrée en 2019. En effet, les défaillances sur ces entreprises sont revenues à leur niveau plus habituel relevé depuis 2017 (au-dessus de 20 défaillances).
Tous les secteurs d’activité concernés par la baisse des défaillances en 2020
BÂTIMENT :
Le bâtiment, qui concentre une cessation de paiement sur cinq, pèse lourd sur la tendance régionale. 652 entreprises du bâtiment sont entrées en défaillance en 2020, soit 52 % de moins qu’en 2019. Dans le gros œuvre, la maçonnerie et la construction de maisons individuelles résistent bien (-55 %). Dans le second œuvre, on observe un recul de 50 % des défaillances en plâtrerie et en peinture. En revanche, l’immobilier a été plus à la peine, avec une augmentation de 6 % des défaillances d’agences immobilières.
COMMERCE DE DÉTAIL :
Le commerce de détail a bien résisté (-40 %), notamment l’alimentation générale (-43 %) et les magasins de journaux et de papeterie (-58 %). Le recul est moins net dans le secteur de l’habillement (-15 %).
INDUSTRIE :
L’industrie manufacturière s’est bien maintenue (-35 %) même si le recul des défaillances a été moins rapide pour la mécanique industrielle (-15 %). L’industrie agroalimentaire a quant à elle très bien résisté (-50,6 %) avec notamment une baisse de 59 % des défaillances chez les boulangers-pâtissiers.
TRANSPORTS ROUTIERS DE MARCHANDISES :
Le transport routier de marchandises a enregistré un recul du nombre d’ouvertures de procédures collectives de 50 % : -55 % pour le fret interurbain et -49 % pour le fret de proximité.
SERVICES AUX ENTREPRISES :
Les services aux entreprises sont sur une même tendance (-31 %) avec notamment un recul de 34 % des défaillances dans le secteur du conseil pour les affaires et de plus de 58 % dans celui du nettoyage courant des bâtiments.
SERVICES À LA PERSONNE :
Si le secteur des services à la personne a résisté (-27,9 %), on observe toutefois une situation contrastée selon les activités : les défaillances sont en recul chez les coiffeurs (-39 %) et les instituts de beauté (-44 %) mais augmentent pour les saunas, les stations thermales (+31 %) et les blanchisseries (+73 %).
RESTAURATION :
Activité administrativement fermée une grande partie de l’année, la restauration a bien tenu, qu’elle soit traditionnelle (- 37%) ou rapide (- 41%). Il en va de même pour le débit de boisson (- 36 %).
En France, une forte augmentation attendue pour 2021 et plus encore pour 2022
Pour Thierry Millon, directeur des études Altares : « Une chose est certaine, l’engagement du ‘quoi qu’il en coûte’ pris par le Président de la république en mars dernier a évité que la violente crise économique ne vienne noircir les registres des tribunaux de longues listes de faillites Covid-19. Le niveau de défaillances de 2020 s’apparente pourtant à une anomalie statistique. Comment imaginer que 2020 ait pu compter « seulement » 32 000 défauts à l’échelle du pays ? Les adaptations juridiques, administratives et soutiens en trésorerie ont permis aux entreprises de se prémunir du défaut de paiement, sans quoi le pire était à redouter. Les précédents records de défaillances, proches de 65 000, auraient été largement dépassés.
« Le plus dur est devant nous » rappelait Bruno Lemaire début janvier. Naturellement nous devons anticiper une forte augmentation du nombre de défaillances au regard de 2020 ; a minima un retour à la situation de 2019 (52 000) et probablement davantage si aux accidentés du Covid devaient s’ajouter un grand nombre des 20 000 entreprises épargnées de 2020.
La question est donc de savoir s’il est possible d’amortir le choc, de permettre un retour progressif à la normale en débranchant graduellement les aides à destination de certaines entreprises et en renforçant l’accompagnement d’acteurs viables. Enfin, 2021 mais aussi 2022 verront le risque de défaut de paiement s’accroitre fortement pour des milliers d’entreprises, provoquant un autre risque pour les fournisseurs : celui de la propagation de la défaillance des clients. Gare à l’effet domino ! »
Méthodologie Les statistiques Altares de défaillances d’entreprises comptabilisent l’ensemble des entités légales disposant d’un numéro SIREN (entreprises individuelles, professions libérales, sociétés, associations) et ayant fait l’objet d’un jugement d’ouverture de procédure prononcé par un Tribunal de Commerce ou Judiciaire (ex TGI – TI)