
« Reminiscence » est le premier long métrage de Lisa Joy, avec Hugh Jackman dans le rôle titre. Le film se déroule dans un monde futuriste ravagé par le conséquences du réchauffement, où chacun se raccroche au passé. Nick Bannister, le personnage principal, détient une machine répondant à cette attente. Il guide ses clients pour qu’ils retrouvent leurs souvenirs enfouis et leur propose ensuite de s’y replonger. Mais la rencontre d’une nouvelle cliente, la ravissante Mae, bouleversera sa vie.
Une romance et un film noir… dystopique
C’est une romance, une dystopie mais aussi un film noir dans la veine de sa période classique, celle allant de 1940 à 1960. En effet, « Reminiscence » respecte l’ensemble des codes formels et narratifs caractéristiques du genre : il y a la ville, la voix-off, le détective, la femme fatale, le flashback et le noir et blanc de rigueur.
La ville : Miami submergé
Le film se déroule, dans un futur proche, à Miami, une ville submergée suite à la montée des eaux. De rares terres sèches acquises frauduleusement par quelques privilégiés créent de fortes inégalités sociales. Cette dénonciation de la corruption des élites n’est pas sans rappeler un autre film noir récent : « Brooklyn Affairs » d’Edward Norton (2019).
La voix-off de Hugh Jackman
Dès le premier plan, pendant le survol de Miami semblable à une Venise post-futuriste, une voix-off se fait entendre, comme dans « Assurance sur la mort » de Billy Wilder (1944), film noir par excellence. Cette voix est celle de Hugh Jackman jouant sur un ton neutre, impartial et distant le narrateur dans un style directement hérité du roman noir.
Détective et type ordinaire
C’est aussi Hugh Jackman, très convaincant, qui tient le rôle d’un détective menant l’enquête dans toute la ville pour retrouver Mae, mystérieusement disparue. Il est également le type tout à fait ordinaire (the weak guy), boitant comme Robert Taylor dans « Traquenard » de Nicholas Ray (1958).
La femme fatale
L’actrice suédoise Rebecca Ferguson, très juste dans son jeu, interprète, elle, la femme fatale, personnage stéréotypique indispensable à tout film noir. Elle est en tout point semblable à la sublissime Rita Hayworth dans « Gilda » de Charles Vidor (1946). Elle aussi chante et danse dans un cabaret et charme évidemment tous les hommes présents.
Certaines images en noir et blanc
Enfin, l’appareil futuriste de Nick Bannister permet aussi de voir les images holographiques du passé de ses clients (et non les images du futur comme dans « Minority report » de Steven Spielberg). Les allers-retours entre ces images diffusées et celles des souvenirs réels sont très réussis et apportent un plus indéniable au film. Plus tard, quand d’autres images, celles-ci en noir et blanc, sont projetées sur grand écran, l’hommage au film noir est évident et rappelle la scène de la salle du cinéma dans « Cinquième colonne » d’Alfred Hitchcock (1942). Les admirateurs du genre seront donc ravis de voir ce film que je recommande vivement.
Richard Clermont