
L’expérience du port de l’uniforme à l’école Crozon de Roanne, unique en Auvergne-Rhône-Alpes, devrait s’achever à la fin de l’année scolaire. La municipalité ne prévoit pas de prolonger cette mesure ni de l’appliquer au futur groupe scolaire qui réunira à la rentrée 2025 les écoles Crozon, Paul-Bert et Carnot.
Une expérimentation stoppée avant 2026
Initialement prévue jusqu’en 2026, l’expérimentation du port de l’uniforme à l’école Crozon ne devrait pas se poursuivre après cette année. Bien que la décision officielle n’ait pas encore été prise, le maire de Roanne, Yves Nicolin, indique que la municipalité ne compte pas prolonger l’initiative.
« Cette expérimentation avait été initiée par le Premier ministre Gabriel Attal. Depuis, deux gouvernements se sont succédé et il ne semble pas y avoir de volonté politique de la poursuivre », explique-t-il.
La fin de l’expérimentation coïncide également avec la fusion des écoles Crozon, Paul-Bert et Carnot au sein d’un nouveau groupe scolaire. La municipalité ne souhaite pas imposer l’uniforme à l’ensemble des élèves du nouvel établissement, notamment parce que le conseil d’école de Paul-Bert s’y était opposé dès 2024.
Une question de coût et d’équité
L’uniforme, fourni à 80 élèves de l’école Crozon, a coûté 40 000 euros, financés à 50 % par l’État. Pour l’appliquer au futur groupe scolaire et ses 265 élèves, le coût triplerait, une charge jugée trop lourde par la municipalité.
Par ailleurs, maintenir l’uniforme uniquement pour les anciens élèves de Crozon poserait des problèmes d’équité. « Il ne serait pas envisageable que certains enfants portent l’uniforme tandis que leurs camarades de Paul-Bert et Carnot n’y soient pas soumis », souligne Esteban Piat, adjoint aux affaires scolaires.
Des avis partagés
Cette expérimentation suscite des avis divergents parmi les parents et enseignants. Certains y voyaient un moyen de réduire les inégalités et de renforcer le sentiment d’appartenance à l’école, tandis que d’autres critiquaient un gaspillage d’argent public.
Marianne Denis, déléguée syndicale du SNUipp, estime que « cet argent aurait été plus utile pour financer du matériel pédagogique ou des postes d’enseignants spécialisés ». De son côté, Karine Roy, représentante de parents d’élèves, regrette qu’il n’ait pas plutôt servi à renforcer l’accompagnement des enfants issus de familles ne parlant pas bien français.
Face aux coûts engendrés, une partie des parents avait demandé un assouplissement des règles. Une proposition visant à rendre l’uniforme facultatif et à supprimer les sanctions a été présentée au conseil d’école en novembre, mais l’Inspecteur de l’Éducation nationale a refusé de la soumettre au vote.
Une expérimentation concluante ?
Malgré tout, la municipalité ne regrette pas d’avoir participé à cette expérimentation. « Pour une fois, l’État a testé une mesure avant de la généraliser, et cela permet de prendre des décisions éclairées », estime Esteban Piat. « Cela a aussi mis en lumière les coûts qu’une telle politique engendrerait. »
Un rapport d’évaluation sera réalisé par l’Inspection académique afin de déterminer l’impact de l’uniforme sur le climat scolaire et les inégalités sociales. Reste à voir si les conclusions influeront sur une potentielle remise en question du projet à l’avenir.