
EDITORS NOTE: Graphic content / Bodies are seen at the blast scene, which killed the commander of Russian armed forces' chemical, biological and radiation defence troops, Igor Kirillov, and his assistant, according to the Russian Investigative Committee, outside a residential building on Ryazansky Avenue in Moscow on December 17, 2024. (Photo by Alexander NEMENOV / AFP)
L’explosion, survenue devant un immeuble résidentiel, a été revendiquée par les services de sécurité ukrainiens (SBU). Cet assassinat marque un tournant dans le conflit russo-ukrainien, Kirillov devenant le plus haut gradé russe tué à Moscou depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Un attentat minutieusement planifié
Selon les autorités russes, l’explosif à l’origine de l’attentat avait été dissimulé sur une trottinette électrique garée près de l’entrée de l’immeuble. L’explosion s’est déclenchée au moment où le général Kirillov et son assistant pénétraient dans le bâtiment. Le service de sécurité ukrainien a rapidement revendiqué l’opération, qualifiant Kirillov de « cible légitime » en raison de son rôle présumé dans l’utilisation d’armes chimiques interdites contre l’armée ukrainienne.
Un visage de la propagande russe et des armes chimiques
Âgé de 54 ans, Igor Kirillov dirigeait depuis 2017 les troupes de défense radiologique, chimique et biologique (NBC) des forces armées russes. Il s’était fait connaître pour ses déclarations polémiques lors de briefings, accusant notamment les États-Unis et l’Ukraine de développer des « armes biologiques » ou une « bombe sale », sans apporter de preuves. En octobre dernier, il avait été sanctionné par le Royaume-Uni pour son rôle présumé dans le déploiement d’armes chimiques « barbares » en Ukraine. Londres l’avait également décrit comme un « acteur central de la désinformation » du Kremlin.
Le général avait également suscité la controverse en 2018 en accusant le Royaume-Uni d’être impliqué dans l’empoisonnement de l’ancien espion russe Sergueï Skripal à Salisbury. Pour Moscou, il représentait un « intrépide défenseur de la vérité », selon Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe.
Un assassinat aux répercussions internationales
La Russie accuse l’Occident d’avoir orchestré ce qu’elle qualifie « d’acte terroriste » contre Kirillov. Le ministère britannique des Affaires étrangères, de son côté, a réagi avec froideur. « Le Royaume-Uni ne va pas pleurer la mort d’un individu qui a participé à une invasion illégale et causé des souffrances au peuple ukrainien », a déclaré un porte-parole du Premier ministre britannique, Keir Starmer.
Un contexte explosif à Moscou
La mort de Kirillov intervient dans un climat de tension grandissant dans la capitale russe. Il s’agit du deuxième assassinat d’une figure militaire en moins d’une semaine. Quelques jours plus tôt, Mikhaïl Chatski, un expert en armement russe, avait été abattu près de son domicile, un acte également attribué aux services de renseignement ukrainiens. Ces attaques illustrent l’intensification de la guerre de l’ombre menée par Kiev sur le territoire russe.
Symbolisme et impact stratégique
Si Igor Kirillov n’était pas directement impliqué dans les opérations militaires en Ukraine, son élimination porte un coup symbolique à l’armée russe. Responsable des stratégies de défense chimique et biologique, il était aussi une figure médiatique et un relais clé de la propagande du Kremlin. Sa mort soulève des questions sur la vulnérabilité des hauts responsables russes, même au cœur de Moscou.
Alors que la commission d’enquête russe se penche sur cet assassinat, les tensions entre la Russie et l’Ukraine semblent s’intensifier, dépassant désormais le seul cadre des champs de bataille.