
En l’absence d’un gouvernement en place et d’un Projet de loi de finances pour 2025, la ville navigue à vue, contrainte de préparer son budget sans certitude sur les montants qui seront alloués… ou ponctionnés.
Un contexte incertain
Pour Régis Cadegros, premier adjoint en charge des finances, l’exercice relève du casse-tête. Il explique au Progrès : « Nous préparons un budget sans tenir compte pour l’instant d’éventuelles ponctions. Il faudra l’ajuster en fonction des décisions qui seront prises au niveau national », explique-t-il. Une situation qui s’explique par la vacance gouvernementale et l’annulation du précédent budget 2025 porté par l’ancien Premier ministre Michel Barnier, renversé avec son équipe.
Malgré l’incertitude, Régis Cadegros entend rappeler le cadre national lors de la séance de mardi. « Les finances publiques ont été mises à mal ces dernières années, et nous entrons dans une période de redressement. Mais les collectivités locales ne sont pas responsables de cette situation », martèle-t-il.
La dette de l’État, pas celle des collectivités
L’adjoint aux finances ne cache pas son agacement face aux critiques répétées à l’encontre des collectivités territoriales. En réponse aux accusations du ministre sortant Bruno Le Maire, qui leur reprochait leur part dans le déficit public, il précise au Progrès : « La dette des collectivités est stable depuis 30 ans, voire en légère diminution. Plus de 90 % de la dette publique totale est du ressort de l’État. »
La Dotation globale de fonctionnement (DGF), levier financier clé pour les communes, illustre cette tension. À Saint-Chamond, cette dotation est en chute libre depuis 2013, avec une perte de 700 000 euros. Régis Cadegros estime même que, compte tenu de l’inflation, la ville devrait percevoir aujourd’hui 15 millions d’euros au lieu des 11,5 millions attendus. « Rien n’est compensé, je comprends le désespoir de nombreux élus », déplore-t-il.
Fiscalité stable, prudence sur les recettes
Pour équilibrer les comptes, la ville mise en partie sur la fiscalité locale, qui représente entre 60 et 61 % des recettes. Malgré cela, les taux resteront inchangés, assure l’élu : « Depuis 2014, nous n’avons jamais augmenté les taux d’imposition, et cela ne changera pas. »
Autre source d’espoir : l’attractivité de la commune. Les droits de mutation, liés aux transactions immobilières, sont en hausse grâce au dynamisme local. « Nous avons de plus en plus de permis de construire déposés et un nombre croissant de propriétaires. Cela témoigne d’une vraie vitalité », se réjouit Régis Cadegros, tout en appelant à la prudence face à la hausse persistante des taux d’intérêt.
Des dépenses contraintes
Si les recettes devraient progresser légèrement en 2025, les dépenses, elles, sont alourdies par des obligations imposées par l’État, notamment dans les domaines environnementaux, de la petite enfance ou encore de la sécurité. Une augmentation des tarifs des services municipaux de 2,5 %, alignée sur l’inflation, pourrait néanmoins aider à compenser certaines charges, tout en restant acceptable pour les usagers, estime l’élu.
Des débats attendus
Dans ce contexte tendu, les discussions autour des priorités budgétaires promettent d’être animées. Pour l’exécutif local, l’enjeu est de préserver l’attractivité de Saint-Chamond tout en maintenant un cap prudent face à des incertitudes nationales.
« Les caisses ne sont pas vides, mais nous devrons faire des choix éclairés », conclut Régis Cadegros dans les lignes du Progrès. Rendez-vous mardi pour des débats qui s’annoncent passionnés.