
Cette histoire soulève des questions sur la nature des relations humaines et les limites de la générosité.
Elle lui offre 40 000 euros et c’est gratis
Pendant quatre ans, Hamza, approchant la cinquantaine, s’est occupé de sa voisine âgée, réalisant pour elle diverses tâches domestiques : courses, jardinage, accompagnement chez le médecin ou le coiffeur. À ses dires, il l’a également protégée d’arnaques auxquelles elle aurait été confrontée. En retour, l’octogénaire, seule et sans famille proche, l’a gratifié d’une générosité remarquable : 40 000 euros en virements, chèques, et autres avantages, parmi lesquels une voiture, des voyages, et des soirées au casino.
Hamza, qu’elle surnommait son « majordome », affirme que ces sommes ne représentaient qu’une juste reconnaissance pour ses services. « Elle était comme une mère pour moi », a-t-il déclaré devant le tribunal, niant fermement toute intention frauduleuse.
Une vulnérabilité controversée
Le dossier repose en grande partie sur la question de la vulnérabilité de la défunte. Était-elle en pleine possession de ses facultés lorsqu’elle a fait ces dons ? Un expert médical a décrit une personne fragile et manipulable, affaiblie par une maladie dégénérative. En revanche, un agent municipal, en charge de l’accueil des seniors, a dressé un portrait très différent : celui d’une femme lucide, capable de décisions éclairées. Ce même agent a même évoqué la possibilité que la vieille dame éprouvât des sentiments amoureux pour Hamza. Cependant, le tribunal devra trancher sans le témoignage direct de l’octogénaire, décédée en 2023.
Entre générosité et suspicion
La défense d’Hamza repose sur la nature réciproque de leur relation : les largesses financières de l’octogénaire seraient le fruit d’un lien affectif profond et d’un soutien mutuel. Il conteste catégoriquement toute manœuvre malhonnête, soulignant son incapacité à rédiger des chèques frauduleux, ne sachant pas écrire. Mais les faits parlent d’eux-mêmes : des montants conséquents, des virements réguliers, et un style de vie financé en grande partie par une personne âgée et isolée.
Le ministère public avait requis douze mois de prison avec sursis, estimant que le prévenu avait profité d’une femme isolée et manipulable, en invoquant un « abus de sentiment amoureux » pour obtenir ces largesses. Selon le procureur, la plaignante n’était pas en mesure de prendre des décisions pleinement éclairées.
Toutefois, la défense, représentée par Me Jihène Gazdalli, a contesté cette interprétation. L’avocate a souligné que l’état de vulnérabilité de l’octogénaire n’était pas clairement établi, rappelant que celle-ci avait fait appel à une tierce personne pour gérer sa situation financière et qu’aucune constitution de partie civile n’avait été déposée.
Une relaxe au final
Le tribunal a finalement retenu les arguments de la défense et prononcé la relaxe. La plaignante, décédée en 2023, avait entre-temps modifié son testament pour léguer l’intégralité de sa fortune à une autre personne, écartant ainsi le prévenu de toute succession.