L’histoire italienne d’Edgardo Greco aux années 1990
L’époque de la’Ndrangheta a régné dans des bains de sang. À Cosenza, après avoir gravi les rangs de la hiérarchie des hommes de main, le jeune Greco avait su se faire un nom auprès du clan Perna-Pranno. Un surnom, même, celui de « tueur des prisons », en référence à ses forfaits commis dans l’univers carcéral.
Ce tueur, avant de s’installer à Saint-Étienne, a trucidé ses ennemis avec des barres de fer puis les faisait disparaître dans des bains d’acide après les avoir déterrés. En 2006, un procès géant condamne de nombreux mafieux. Sa condamnation : la prison à perpétuité. Le procès se déroule sans sa présence, car en fuite. Les carabiniers italiens sont à sa recherche, sans succès.
D’après la police italienne, il vadrouille un temps à travers l’Europe, avant de se poser en Allemagne et en Autriche. Il coupe toute communication avec sa famille. Le meilleur moyen d’échapper aux écoutes et de se faire oublier. Loin de la mafia, il s’installe à Saint-Étienne dans un appartement du centre-ville.
Rattrapé par le péché d’orgueil
En 2021, Edgardo Greco pose fièrement en page du journal le Progrès. Non pas pour ses nombreux meurtres, mais pour vanter son talent de cuisiner. Sur la photo, on le voit avec une calzone dans la main. L’homme raconte dans l’interview son souci du « fait maison » et des « produits frais ». Il ne se doute pas que ce cliché, scanné par les nouveaux logiciels d’identification faciale à disposition des carabiniers, remet les enquêteurs sur sa trace.
Le 2 février 2021 à 1h45 du matin, il est cueilli par la police française et des carabiniers italiens. Sa cachette stéphanoise est découverte. Edgardo Greco n’oppose pas de résistance. Il soutient d’abord qu’il n’est qu’un honnête pizzaiolo du nom de Dimitrio, puis se ravise et confie qu’il est bien l’homme recherché. Les investigations rapportent qu’il menait une existence discrète. Dans son petit appartement, à la décoration austère, ne figure aucune trace de sa vie passée. Pas la moindre arme. Pas le moindre souvenir de la Calabre. En attendant son procès, Edgardo Greco est au régime, sans pizza en prison.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon a rendu ce jeudi un avis favorable à l’extradition d’Edgardo Greco. Suspecté d’appartenir à la mafia calabraise, il avait été condamné à la perpétuité en Italie, avant de s’enfuir à Saint-Etienne. Sous le nom d’emprunt de “Paolo Dimitrio”, il avait embrassé depuis 16 ans une carrière de pizzaïolo.
Son avocat David Mextaxas a indiqué qu’il allait se pourvoir en cassation, confiant à l’AFP : « S’il va en Italie il est mort judiciairement et physiquement. Emprisonné là-bas, il n’en sortira pas vivant.»