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Cette détermination s’inscrit dans la politique nationale lancée en 2018 visant à créer vingt nouveaux lieux de privation de liberté pour mineurs délinquants. Le site du Haut Pilat, initialement retenu pour sa proximité avec Saint-Étienne et son isolement relatif, avait suscité une levée de boucliers des habitants de La République qui ont finalement eu gain de cause.
Mobilisation citoyenne victorieuse
La résistance locale s’était organisée dès janvier 2021 avec la création d’un collectif devenu association. Panneaux de protestation le long de la RD1082, réunions publiques houleuses, soutien d’élus comme Dino Cinieri et Vincent Ducreux : tous les ingrédients d’une opposition déterminée étaient réunis.
Séverine Souvignet, coprésidente du collectif, reconnaît un aspect positif à cette lutte : « Cet épisode nous a permis de nous ressouder » entre voisins qui ne se connaissaient pas forcément.
Remises en question nationales du dispositif
L’abandon du projet ligérien coïncide avec les doutes exprimés par la Cour des comptes en 2023 sur la pertinence d’ouvrir de nouveaux établissements. L’institution pointait la faiblesse des études relatives à leur efficacité, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et les problèmes de fonctionnement.
Cette critique institutionnelle a contribué au ralentissement des ouvertures nationales, plusieurs projets ayant été définitivement abandonnés comme à Mérignies ou Chantenay-Saint-Imbert.
Nouveau site identifié en secret
Guy Scaglione, directeur de Sauvegarde 42, confirme la persistance du projet : C’est un sujet sensible qui avait été mis entre parenthèses du fait du contexte économique et politique national. Mais le projet de second CEF dans la Loire est toujours d’actualité.
La PJJ Centre-Est précise qu’un terrain a été trouvé dans le sud du département près de Saint-Étienne, mais refuse de révéler sa localisation exacte pour éviter une nouvelle mobilisation des riverains.
Un rapport ministériel de septembre 2024, révélé par Mediapart, dresse un bilan préoccupant des CEF français. Sur 399 jeunes suivis, seulement 16% sont rescolarisés six mois après leur sortie, tandis que 10% se retrouvent en détention et 40% sans activité.
Ces chiffres questionnent l’efficacité réelle de ces structures coûteuses censées favoriser la réinsertion des mineurs délinquants.
Fonctionnement du CEF de Saint-Germain-Lespinasse
Le centre ligérien existant, géré par l’association Le Prado, accueille douze mineurs placés par décision judiciaire. La visite d’avocats roannais en novembre 2024 a donné un « bilan globalement positif » de l’établissement, sans problèmes majeurs constatés.
Cependant, Marine Thinon, avocate au barreau de Roanne, tempère : Au CEF, il y a un cadre, cela se passe bien. À l’extérieur, il n’y en a plus. Il y a beaucoup de tentations.
L’inspection révèle une problématique majeure : le manque de formation des éducateurs. Nicolas Lecogne, représentant syndical SNEPS-PJJ/FSU, dénonce : Ce sont rarement des éducateurs spécialisés mais des personnes sans diplômes. Ce n’est pas sérieux.
Cette situation résulte de la faible attractivité du métier, avec des horaires contraignants et un isolement géographique qui compliquent le recrutement de personnel qualifié.
Défis persistants de la réinsertion
Le paradoxe des CEF apparaît clairement : efficaces dans leur cadre fermé, ils peinent à préparer efficacement la réinsertion. L’encadrement intensif ne se transpose pas naturellement à l’extérieur où les tentations et l’absence de structure reproductible limitent les effets positifs.
Cette réalité questionne l’approche purement sécuritaire au détriment d’un accompagnement éducatif plus long et progressif.
Le nouveau projet devra composer avec les leçons de l’échec de Riocreux. L’acceptabilité sociale constitue désormais un enjeu majeur, nécessitant probablement une concertation préalable plus poussée et transparente avec les populations concernées.