Ce 5 novembre 2024, peu avant 8 heures, la gérante d’un bar sur l’avenue de Flandres découvre deux femmes dans une détresse extrême. Les mains ligotées, l’une d’elles, d’origine chinoise, présente une grave blessure à la gorge. « Nous avons fait entrer les deux femmes et appelé la police. L’une d’elles avait beaucoup de sang sur elle. Elles faisaient vraiment mal au cœur », se souvient un témoin. Les victimes sont rapidement prises en charge par les secours et transportées à l’hôpital Saint-Louis.
Plus d’un mois après les faits, l’homme suspecté d’être l’auteur de cette agression a été arrêté par les enquêteurs du 2e district de police judiciaire (DPJ) le 16 décembre. Âgé de 54 ans et également Chinois, il a été placé en détention provisoire le 17 décembre et mis en examen pour « tentative de meurtre », « séquestration » et « vol avec arme au préjudice de personnes prostituées ».
Une nuit de cauchemar
Les faits se déroulent le 4 novembre. Ce soir-là, la victime accueille un client dans son appartement, où elle vit avec une colocataire. Après un rapport sexuel tarifé, l’homme demande à rester pour la nuit. Mais la situation dégénère rapidement : le client commence à la frapper, la ligote avec un Serflex et lui assène plusieurs coups de couteau, dont un à la gorge. Sa colocataire subit le même sort, ligotée et bâillonnée avec du ruban adhésif.
L’agresseur s’enfuit après avoir volé des téléphones et de l’argent liquide. Les deux femmes réussissent à quitter les lieux et trouvent refuge dans un bar à proximité. L’angoisse règne parmi les travailleuses du sexe de la communauté chinoise, déjà marquée par des meurtres récents. « C’est un fou, un pervers. Les filles craignent qu’il recommence », confie un proche.
Une enquête approfondie
Les enquêteurs du 2e DPJ, conscients de l’importance de retrouver cet homme, mènent une enquête approfondie. Ils identifient le suspect, qui réside à Ivry-sur-Seine et travaille dans un magasin de téléphonie à Paris. Le 16 décembre, les policiers passent à l’action et l’interpellent à la sortie de son travail.
Lors de sa garde à vue, les enquêteurs confrontent le suspect à des preuves accablantes : un sac à dos contenant le même scotch et les Serflex utilisés pour ligoter les victimes, ainsi qu’un couteau et des téléphones volés. L’homme, reconnu par la prostituée blessée, nie les faits ou reste silencieux. Selon certaines sources, il aurait déclaré ressentir une haine envers les prostituées, affirmant que son ex-conjointe les aurait trahies en rejoignant un réseau de prostitution.
Déféré le lendemain de son arrestation, le 17 décembre coïncide avec la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleuses de sexe. À cette occasion, des manifestants se rassemblent devant l’Assemblée nationale pour dénoncer la hausse des agressions envers les prostituées.
Un climat de peur et de silence
Cette année, cinq prostituées ont été tuées par leurs clients à Paris et Aubervilliers. Les agressions à leur encontre sont en forte hausse, alimentées par des préjugés et la vulnérabilité de cette population. Les agresseurs pensent souvent que les prostituées ne porteront pas plainte en raison de la barrière de la langue ou de la peur de révéler leur activité. Toutefois, des associations comme les Roses d’Aciers, créées par des travailleuses du sexe chinoises, notent une sensibilisation croissante parmi les femmes de la communauté concernant leurs droits.