
Rendez-vous avec Christian Brodhag le lundi 28 mai à 19h à la salle de l’Arena pour une conférence sur les nouveaux moyens de transports alternatif dont l’hyperloop. Un sujet passionnant. Comment repenser à de nouveaux moyens de déplacement.
Mode de transport futuriste imaginé par Elon Musk en 2013, l’Hyperloop doit permettre, à terme, de couvrir la distance entre Los Angeles et San Francisco en une demi-heure seulement. Un projet similaire est à l’étude en France, pour relier Lyon et Saint-Etienne en 8 minutes, contre 45 minutes actuellement.
Christian Brodhag est engagé dans le développement durable depuis près de quarante ans. Alors les rouages de la politique et les projets innovants, il connaît. Responsable environnement chez les Verts, puis délégué à la Commission française du développement durable, il fait partie de ces irréductibles qui travaillent à l’avènement d’un futur moins pollué. Son attention s’est donc logiquement portée sur l’Hyperloop, ce mode de transport par sustentation magnétique imaginé en 2013 par l’entrepreneur Elon Musk. Depuis 2014, il travaille à la déclinaison française de ce projet de recherche industriel. Pendant un an, il a notamment mobilisé les élèves de l’école des Mines de Saint-Etienne pour plancher sur le sujet : « On a toujours eu des réflexions autour du transport alternatif. Aujourd’hui, le rail est partout, mais avec cette dynamique américaine autour de l’Hyperloop, on peut imaginer appliquer ce système innovant en France. J’y crois. »
400 km/h au lieu de 1200 km/h
L’Hyperloop français ne serait pas aussi rapide que son cousin américain. Il faudrait se contenter d’une vitesse de pointe de 400km/h, à cause des nombreux virages qui parsèment le parcours entre Saint-Etienne et Lyon. Loin, donc, des 1200 km/h atteints par la navette américaine lors de premiers essais concluants dans les grandes plaines désertiques du Nevada, en mai 2016.
Si la liaison Lyon-Saint-Etienne a été choisie, c’est parce que la France a besoin de démonstrateurs pour tester ces technologies, « mais aussi parce que la région a un vrai besoin d’infrastructures et qu’elle a la capacité technique pour contribuer à leur développement ». Comme un clin d’œil historique, si le projet d’Hyperloop français se réalise, il reliera les deux villes qui ont été les premières en Europe continentale à être reliées par une liaison ferrée. Qui plus est, ce projet pourrait évoluer en parallèle de la construction de l’autoroute entre Lyon et Saint-Etienne. « Profiter de ces travaux de grande ampleur pour creuser les emplacements de l’Hyperloop serait une bonne solution, d’ailleurs validée par le maire de Saint-Etienne », note Christian Brodhag.
Saint-Etienne, ville industrielle, produit énormément de « matière acier », notamment celle qui serait utilisée pour la construction des tubes. « Avec l’Hyperloop, l’idée est de produire au maximum de manière locale, de profiter de cet immense savoir-faire ». À terme, Christian Brodhag espère pouvoir s’appuyer sur les industriels locaux intéressés, avant de contacter la mairie et les chercheurs pour concrétiser le projet. Quant aux grandes entreprises comme la SNCF, à ce jour, elles n’ont pris part financièrement qu’au projet d’Hyperloop américain. Pourtant, à terme, une fois le projet sur les rails, Christian Brodhag sait déjà comment il pourrait être soutenable sur le plan financier : « Avec un billet à 15 euros, soit cinq euros plus cher qu’un billet de TER, il serait possible de mettre en place ce transport innovant d’ici cinq à dix ans. Une partie de la ligne serait aérienne et recouverte de photopiles, et l’autre partie serait souterraine, à l’entrée des villes ». Selon l’universitaire français, il faudra attendre cinq ans avant de pouvoir tester la version d’essai de l’Hyperloop français. Avec ou sans Elon Musk.