
Convaincue d’échanger avec l’acteur américain Brad Pitt, elle a été manipulée par un arnaqueur professionnel qui lui a soutiré la somme colossale de 830 000 euros. Son récit, diffusé récemment dans un reportage, illustre l’engrenage psychologique des « arnaques à la romance », un fléau numérique en pleine expansion.
Une « toile tissée » autour d’une victime isolée
Tout commence en février 2023, lorsqu’Anne est contactée sur Instagram par une personne se faisant passer pour Jane Etta Pitt, prétendue mère de Brad Pitt. La conversation s’engage et débouche sur une présentation avec un faux profil de l’acteur lui-même. Isolée et fragilisée par des problèmes de santé et un contexte personnel difficile, Anne devient une cible idéale pour ces arnaqueurs aguerris, surnommés « brouteurs ».
Les échanges se multiplient, et rapidement, le faux Brad Pitt s’immisce dans la vie d’Anne, jouant sur la corde sensible de ses sentiments et de sa générosité. L’arnaqueur tisse un scénario complexe, mêlant déclarations d’amour, confidences sur un divorce houleux et prétendus problèmes de santé. Convaincue d’aider un homme en détresse, Anne effectue ses premiers virements, d’abord modestes, avant d’atteindre des sommes faramineuses, parfois converties en bitcoins à la demande de l’escroc.
Une manipulation bien orchestrée
L’arnaque s’appuie sur des procédés bien rodés. Chaque doute exprimé par Anne est savamment désamorcé. Des complices jouent le rôle de « médecins », de « managers » ou même de la prétendue « fiancée » de l’acteur, affirmant qu’Anne est la seule femme dans son cœur. L’escroc va jusqu’à lui demander de payer des frais médicaux pour de supposées dialyses, des factures de cantine pour ses enfants ou des repas à l’hôpital.
L’engrenage dure plus d’un an, jusqu’à ce qu’Anne décide, à l’été 2024, de couper tout contact. Mais le mal est fait : 13 virements et 830 000 euros plus tard, elle se retrouve ruinée, sans domicile, et contrainte de vivre chez une amie à La Réunion.
Des arnaqueurs identifiés, mais la justice tarde
Grâce à l’aide de Marwan Ouarab, fondateur de FindmyScammer, les responsables de l’escroquerie auraient été localisés au Nigeria. Les escrocs, âgés d’une vingtaine d’années, se partagent les rôles : gestion des relations avec la victime, création de fausses identités, et blanchiment des fonds. L’enquête a permis de tracer les coordonnées GPS précises de la maison d’où l’arnaque a été orchestrée, mais aucune action n’a encore été menée à l’international pour interpeller les responsables.
Une mise en garde universelle
Aujourd’hui, Anne souhaite alerter l’opinion publique sur ce type d’escroquerie. « Cela pourrait arriver à n’importe qui », affirme-t-elle. Un moment de vulnérabilité suffit à tomber dans ce piège minutieusement construit. La police française rappelle également que derrière ces arnaques se trouvent des victimes bien réelles, souvent moquées ou incomprises.
Avec AFP.