
Ce carnet “augmenté” ne se limite plus au suivi médical, mais inclut désormais des recommandations strictes sur l’exposition aux écrans, l’activité physique, et même la détection des troubles psychiques. À Saint-Étienne, comme ailleurs en France, cette réforme suscite des débats entre mesures de santé publique et contrôle parental renforcé.
Un suivi renforcé dès la naissance
Dès les premiers jours de vie, les parents devront suivre de nouvelles recommandations pour prévenir des risques tels que la mort inattendue du nourrisson ou le syndrome du bébé secoué. Mais c’est à 6 ans que le carnet de santé franchit un cap : un examen obligatoire, déjà en place depuis plusieurs années, sera étendu à l’observation des aspects psychiques et comportementaux de l’enfant.
La Direction générale de la santé explique que cet examen vise à “repérer précocement les troubles du développement”, tout en renouvelant les vaccins. Une initiative bien intentionnée, mais qui ne laisse que peu de marge de manœuvre aux parents, transformant ces consultations en étapes obligatoires d’un contrôle systématique.
Des écrans et des habitudes sous surveillance
Au-delà des aspects médicaux, ce carnet inclura également des recommandations précises sur l’usage des écrans. Alors que les jeunes passent de plus en plus de temps devant tablettes, smartphones ou téléviseurs, l’objectif est clair : sensibiliser les parents à l’impact potentiel sur la santé mentale et physique des enfants.
Mais les innovations ne s’arrêtent pas là. Des conseils sur l’alimentation, le sommeil ou encore l’activité physique seront intégrés au carnet, transformant ce dernier en véritable “manuel de vie familiale”. Ces nouvelles préconisations visent à standardiser les bonnes pratiques, mais certains y voient une infantilisation des parents et une intrusion dans leur rôle éducatif.
Saint-Étienne et l’adaptation des familles
À Saint-Étienne, où les structures de santé et les associations familiales jouent un rôle actif dans l’accompagnement des parents, cette réforme pourrait bouleverser certaines habitudes. Si la dématérialisation future du carnet via l’espace numérique de santé promet une meilleure accessibilité, elle pose également la question de la protection des données personnelles.
Beaucoup de parents stéphanois s’interrogent : ce suivi médical renforcé est-il un moyen de mieux accompagner leurs enfants ou un outil de contrôle déguisé ? “Entre prévention et flicage sanitaire, la frontière est mince,” confie une mère de famille stéphanoise, soucieuse du respect de sa vie privée.
Une réforme nécessaire ou intrusive ?
Alors que cette réforme entend répondre aux enjeux de santé publique et prévenir des problématiques émergentes comme l’addiction aux écrans, elle soulève des interrogations éthiques. La numérisation et la personnalisation des données de santé apparaissent comme des avancées, mais elles alimentent également la méfiance face à une possible ingérence de l’État dans la vie privée des familles.
À Saint-Étienne, comme dans le reste de la France, le nouveau carnet de santé pourrait transformer profondément le rapport entre parents, enfants et institutions. Une évolution à surveiller de près dans les mois à venir.