
Le drame, impliquant une exposition accidentelle à de l’azote, a entraîné une enquête approfondie et un procès au tribunal correctionnel.
Le 10 mai 2021, un premier ouvrier de l’entreprise, équipé d’une cagoule de protection raccordée à un système de ventilation, a fait un malaise en travaillant dans une cabine de sablage. Il a été évacué pour des soins médicaux. Quelques heures plus tard, un second salarié prenant sa relève s’est effondré à son tour dans des circonstances similaires. Malgré l’intervention des secours, cet ouvrier de 30 ans n’a pas survécu.
L’enquête a révélé que la cause de l’accident était liée à une exposition à l’azote, un gaz inodore et incolore qui, en remplaçant l’oxygène dans l’air, peut entraîner une asphyxie. Dans cette entreprise, les réseaux d’air comprimé et d’azote étaient interconnectés, un système qui nécessitait une manipulation manuelle pour basculer entre les deux gaz. Ce matin-là, la vanne permettant de revenir à l’air comprimé n’avait pas été actionnée, entraînant l’entrée d’azote dans la cagoule des deux salariés.
Manquements en matière de sécurité
L’inspection du travail a identifié plusieurs lacunes dans la gestion des risques. L’absence de procédure formelle pour la manipulation de la vanne, combinée à une évaluation insuffisante des dangers liés à l’installation d’une nouvelle cabine en 2019, a été mise en lumière. Les consignes, transmises oralement aux opérateurs, n’étaient pas accompagnées de mesures de sécurité écrites ou automatisées, augmentant le risque d’erreur humaine.
Les experts ont également souligné que, malgré un premier signal d’alerte avec le malaise du matin, aucune mesure corrective immédiate n’avait été prise avant que le second ouvrier ne commence son travail.
Procès et responsabilités
Au tribunal correctionnel, le procureur a pointé du doigt le non-respect par l’entreprise de ses obligations légales en matière d’évaluation et de prévention des risques professionnels. Une amende de 20 000 euros, ainsi qu’une amende additionnelle de 5 000 euros, a été requise à l’encontre de la société.
La défense a plaidé l’absence d’intentionnalité, rappelant que les installations avaient été mises en place et validées par des professionnels externes. Elle a également souligné que les dangers liés à l’azote n’étaient pas connus du chef d’entreprise, et que même des experts indépendants n’avaient pas identifié de problème lors de contrôles antérieurs.
À la suite de cet accident, l’entreprise a séparé les réseaux d’air comprimé et d’azote, éliminant ainsi tout risque de confusion. Ce drame met en lumière l’importance cruciale des protocoles de sécurité et des évaluations régulières des risques dans les environnements industriels.
La décision du tribunal, mise en délibéré, sera attendue pour déterminer les responsabilités juridiques de l’entreprise et définir les éventuelles sanctions.