
Serge Dupuy (Marceau) et Talid Arris (Baptiste) Réalisation : Véronique Langlois
« After Love » est le premier long métrage très attendu de Aleem Khan, auteur-réalisateur anglais d’origine pakistanaise, révélé au festival de Cannes de 2020.
Le comique de situation de départ
Le film démarre comme un vaudeville : Mary, sexagénaire britannique de Douvres apprend peu de temps après la mort de son mari Ahmed, capitaine de navette, la double vie de celui-ci avec Geneviève, une femme française plus jeune qu’elle, vivant à Calais. Puis, en voulant la rencontrer, Mary se fait en définitive embaucher comme femme de ménage par Geneviève, suite à un quiproquo.
Une mise en scène admirable
La première scène du film est un magnifique plan séquence fixe, en intérieur, avec une lumière tamisée. La profondeur de champ permet de voir à la fois Mary en premier plan dans sa cuisine, ainsi qu’Ahmed en arrière plan dans le salon. Chacun d’eux parle à l’autre, tout en vaquant à ses propres occupations, jusqu’à ce que Mary finisse par constater la mort d’Ahmed assis dans le canapé. La coupure du son rend alors la réaction de Mary inaudible et l’ensemble du plan constitue ainsi le pré-générique. Un autre plan-séquence montrera ensuite Mary toute en blanc, abasourdie, assise autour de femmes musulmanes pleurant et psalmodiant des prières du Coran.
De la justesse dans le jeu
C’est la découverte de la carte d’identité de Geneviève dans le portefeuille de son défunt mari qui poussera Mary à mener l’enquête à Calais. La justesse du jeu des acteurs, en particulier celui de Joanna Scanlan interprétant Mary, fidèle épouse convertie à l’Islam, a permis à l’actrice d’obtenir plusieurs prix dans différents festivals.
L’amour triomphe de tout
« Omnia vincit amor » disait déjà Virgile dans ses Bucoliques. L’amour triomphe de tout. Tel est finalement le beau message délivré par Aleem Khan en montrant cette épouse pourtant trahie mais tellement magnanime qu’elle peut offrir son amour aux autres pour guérir leurs blessures. Un superbe film à voir absolument au Méliès Jean-Jaurès.
Par Richard Clermont