
Avec un bilan d’au moins cinq morts et plus de 200 blessés, la gestion des signaux d’alerte concernant l’auteur présumé et les dispositifs de sécurité déployés suscite une vive polémique, en pleine campagne électorale.
Des signaux inquiétants négligés
Le profil de Taleb al-Abdulmohsen, un médecin saoudien de 50 ans, est au cœur des interrogations. Connu des autorités, il avait attiré l’attention à plusieurs reprises avant de commettre l’attaque. En 2023, les services de renseignement saoudiens avaient alerté leurs homologues allemands sur la dangerosité du médecin, l’accusant d’activités terroristes présumées. Malgré ces avertissements, les autorités allemandes avaient rejeté l’idée de son interpellation, évoquant des « motivations politiques » possibles derrière les accusations de Riyad.
Sur les réseaux sociaux, al-Abdulmohsen tenait des propos alarmants. Il s’en prenait à l’Allemagne, l’accusant de « crimes » contre des réfugiés saoudiens et menaçait explicitement : « Si l’Allemagne veut la guerre, nous l’aurons. » Pourtant, une évaluation réalisée par la police en 2023 avait conclu qu’il ne représentait pas de danger particulier, malgré des antécédents judiciaires pour troubles à l’ordre public en 2013 et des accusations récentes d’esclandres dans des commissariats.
Un dispositif de sécurité critiqué
L’attaque a également mis en lumière des failles dans la sécurité du marché de Noël de Magdebourg. Le suspect a pu accéder à une allée bondée grâce à une « voie d’évacuation » sans bloc de béton, réservée aux véhicules de secours. Cette faille a permis au conducteur de foncer à pleine vitesse dans la foule avec un véhicule puissant.
Lors d’une conférence de presse, le chef de la police municipale, Tom-Oliver Langhans, a défendu les mesures de sécurité en place, soulignant que des blocs de béton protégeaient les abords du marché. Mais pour de nombreux observateurs, ces mesures étaient insuffisantes. Ronni Krug, l’adjoint au maire, a reconnu que « personne ne pouvait s’attendre à une telle situation », mais cela n’a pas suffi à apaiser les critiques.
Des critiques politiques en pleine campagne électorale
La tragédie est devenue un sujet hautement politique. Alice Weidel, cheffe de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite), a dénoncé « l’impéritie de l’administration, qui a permis l’horreur de Magdebourg ». À gauche, Sahra Wagenknecht, figure du parti antisystème BSW, a demandé des explications sur les « nombreuses mises en garde ignorées ».
Face à cette pression, la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie. Une commission parlementaire auditionnera les responsables concernés dès le 30 décembre pour déterminer si des erreurs ont été commises dans la prévention de l’attaque.
Une situation qui ravive les souvenirs de 2016
L’attaque de Magdebourg intervient près de huit ans après l’attentat meurtrier contre un marché de Noël à Berlin, revendiqué par Daech, qui avait fait 12 morts. Une cérémonie en hommage aux victimes de 2016 avait eu lieu la veille de l’attaque de Magdebourg, soulignant l’importance de la sécurisation des lieux publics en Allemagne.
Alors que les familles des victimes de Magdebourg pleurent leurs proches, les critiques sur la gestion des signaux d’alerte et les failles de sécurité placent les autorités allemandes sous une pression intense. Cette tragédie pourrait bien devenir un tournant dans les débats sur la lutte contre le terrorisme et la sécurité en Allemagne.