
Tandis que certaines communes célèbrent l’ouverture de nouvelles classes, d’autres subissent fermetures et incertitudes. Ces décisions, annoncées lundi par les services académiques, illustrent les disparités démographiques qui traversent le territoire ligérien.
Le syndicat FSU-SNUipp dévoile un tableau en demi-teinte où se mélangent satisfactions et déceptions. Derrière chaque mesure se cachent des enjeux locaux spécifiques, révélateurs des dynamiques démographiques et des politiques d’aménagement communales.
Le Crozet : renaissance spectaculaire d’une école rurale
L’école du Crozet vit un moment historique avec l’ouverture de sa première seconde classe. Cette petite commune, longtemps fragilisée par la classe unique qui comptait seulement neuf élèves en 2020, connaît un véritable renouveau démographique. L’arrivée de nouvelles familles et les constructions récentes ont fait progresser la population de 243 à 283 habitants en cinq ans.
Cette croissance s’accompagne d’initiatives locales vertueuses comme la création d’une maison d’assistantes maternelles qui facilite l’installation de jeunes couples. Avec vingt-neuf enfants prévus à la rentrée prochaine, l’école bénéficie d’un moyen supplémentaire provisoire. Le maire Nicolas Chargueros affiche un optimisme justifié : trente-deux élèves sont attendus en 2026 et trente-six en 2027, consolidant durablement cette évolution positive.
Ambierle improvise pour accueillir sa sixième classe
La commune d’Ambierle illustre les défis logistiques liés à la croissance des effectifs scolaires. Avec cent trente-six élèves prévisionnels, l’école méritait depuis janvier l’attribution d’une classe supplémentaire, mais l’absence de locaux adaptés avait bloqué cette ouverture. La municipalité a trouvé une solution temporaire en aménageant la salle d’évolution pour accueillir cette sixième classe.
Le maire Pascal Muzart assume ce bricolage provisoire en attendant la livraison de la nouvelle école. Initialement programmée pour septembre 2026, cette infrastructure pourrait être disponible dès mars si les travaux respectent le calendrier accéléré. Une course contre la montre qui témoigne des difficultés d’anticipation face aux évolutions démographiques rapides.
Cuinzier : entre fermeture annoncée et moyen provisoire
La situation de Cuinzier révèle les contradictions du système d’attribution des moyens d’enseignement. Après avoir annoncé une fermeture de classe en début d’année, l’administration accorde finalement un moyen provisoire confirmé lundi. Cette valse-hésitation questionne la cohérence des décisions académiques.
Isabelle Rousson, déléguée FSU-SNUipp, pointe les incohérences de cette gestion : « Cette situation questionne d’annoncer dans le même temps une fermeture de classe et l’affectation d’un moyen provisoire. » Un enseignant perd son poste malgré le maintien effectif de la classe, illustrant l’impact humain de ces fluctuations administratives.
Mably : double peine pour les écoles du Bourg
La commune de Mably traverse une période particulièrement difficile avec des fermetures successives qui fragilisent son offre éducative. Après la suppression de la troisième classe maternelle en janvier, c’est au tour de l’école élémentaire du Bourg de perdre une classe. Cette double sanction inquiète les équipes pédagogiques à quelques jours des vacances.
Cette situation s’inscrit dans un différend plus large entre la municipalité et l’inspection académique. L’inspectrice avait proposé une primarisation des deux écoles, permettant une gestion mutualisée des effectifs et plus de souplesse dans l’organisation. Le refus du maire de cette fusion semble aujourd’hui se payer cash, créant un climat de tension avec les services déconcentrés de l’État.
Roanne : inauguration sous conditions à Louise Weiss
L’école Louise Weiss, qui sera inaugurée vendredi, symbolise les ambitions éducatives roannaises tout en cristallisant les incertitudes budgétaires. Cette nouvelle infrastructure regroupe les effectifs des écoles Paul Bert, Crozon et Carnot, justifiant des investissements conséquents de la municipalité.
Initialement dotée de onze classes au lieu des douze actuelles, l’école pourrait finalement récupérer ce douzième poste grâce à une progression des effectifs de 265 à 278 élèves. Mais cette attribution reste conditionnée au maintien des inscriptions et aux moyens disponibles à la rentrée. Le maire Yves Nicolin se veut rassurant face aux inquiétudes syndicales, affirmant avoir obtenu des garanties de l’inspection académique.
Régny et Saint-Just-en-Chevalet dans l’expectative
Quatorze écoles ligériennes attendent encore de connaître leur sort, leur situation étant soumise au comptage des effectifs de septembre. Parmi elles, Régny cristallise les tensions depuis janvier avec une mobilisation parentale soutenue, tandis que Saint-Just-en-Chevalet vit également dans l’incertitude.
Cette procédure de report illustre la complexité de l’exercice de prévision démographique en milieu rural, où quelques déménagements peuvent bouleverser les équilibres scolaires. Ces communes en suspens témoignent de la fragilité du maillage éducatif en territoire peu dense.