Après avoir, selon ses dires, épluché 2 700 documents comptables, elle affirme avoir décelé au moins 117 000 € de factures suspectes, un montant qui pourrait encore s’alourdir avec le complément de plainte déposé récemment.
Une enquête qui s’intensifie
La première alerte remonte à février 2023, lorsque des interrogations avaient été soulevées sur les frais des vœux à la population. Mais pour Isabelle Surply, le déclencheur a eu lieu lors d’un conseil municipal en juin, lorsqu’elle constate que des fonds publics ont pu être utilisés pour une réception qualifiée de « privée ». Cette découverte l’a poussée à consulter un grand nombre de documents comptables et à déposer une plainte en septembre auprès du procureur de Saint-Étienne, assortie d’un complément cette semaine.
Les documents en question couvrent la période 2021 à 2023, obtenus non sans difficulté après saisine de la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada). « Plus je cherche, plus je trouve », a affirmé l’élue lors d’une conférence de presse, évoquant des factures d’alcools, des achats de vêtements coûteux, et des frais de restaurant récurrents dans un établissement géré par le conjoint d’une élue de la majorité.
Une majorité qui dément et dénonce une « polémique politicienne »
La réaction de la majorité municipale ne s’est pas fait attendre. Elle réfute en bloc les accusations, qu’elle considère comme « infondées » et « politiciennes ». Dans un communiqué, la mairie défend la légalité des frais de réception et de représentation, précisant qu’ils sont votés en conseil municipal et encadrés par le Code Général des Collectivités Territoriales. Elle rappelle que ces dépenses sont exclusivement liées aux activités publiques de la commune, notamment pour des réceptions officielles, des événements culturels et sportifs, ainsi que des réunions d’élus.
La municipalité indique par ailleurs qu’elle n’a reçu « aucune information officielle de la part d’une quelconque autorité » et se réserve « la possibilité de déposer une plainte pour dénonciation calomnieuse ».
Les dépenses en question
Dans sa plainte, Isabelle Surply détaille plusieurs postes de dépenses qu’elle juge excessifs et suspects :
• Achats d’alcools : elle affirme que le cabinet municipal aurait acheté 10 litres de whisky chaque mois, un volume inhabituel selon elle pour des réceptions officielles.
• Achats de vêtements : 10 000 € auraient été dépensés pour des vêtements achetés dans une boutique en lien avec un élu, alors qu’un marché public existe pour ce type d’achats.
• Frais de restaurant : elle évoque près de 13 000 € dépensés dans un restaurant géré par le conjoint d’une élue, alors que les dépenses cumulées pour les autres restaurants locaux ne s’élèvent qu’à 7 000 € sur la même période.
Le conseil municipal sous tension
Le prochain conseil municipal, prévu le 6 novembre, s’annonce tendu. Les échanges pourraient être encore plus animés lors du conseil du 17 décembre, qui portera sur le budget. Pour Isabelle Surply, ces révélations mettent en lumière une « méconnaissance du droit » de la part de l’exécutif et un possible « copinage » dans l’utilisation des fonds publics. Elle conclut que « l’exemplarité n’est plus l’apanage de la majorité » et que la situation à Saint-Chamond est « grave ».
En réponse, la majorité municipale exprime sa confiance dans le travail du parquet et insiste sur le caractère « habituel et mesuré » des dépenses engagées. Le dossier reste à suivre, avec des ramifications potentielles pour l’image de la municipalité et un débat public qui ne semble qu’à ses débuts.