Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de ce décès tragique, qui illustre une nouvelle fois les difficultés chroniques du système hospitalier français.
Une attente prolongée et une issue tragique
Admise aux urgences entre mardi soir et mercredi matin, selon des versions divergentes, la patiente est arrivée accompagnée de sa famille et se tenant sur ses jambes, malgré une hyperthermie et une maladie génétique rare affectant les globules rouges. Après un premier contact avec un infirmier, elle a été installée sur un brancard dans un box.
Au fil des heures, son état s’est dégradé sans qu’elle ne soit transférée dans un service plus adapté. Ce n’est qu’en milieu d’après-midi, lors d’un passage au scanner, que son état critique aurait été constaté. Peu après son retour de l’examen, elle a subi un arrêt cardiaque. Malgré l’intervention en urgence du personnel médical, son décès a été constaté en fin d’après-midi, vers 19h30.
Un hôpital sous pression
Le drame a provoqué un choc parmi les soignants, déjà confrontés à des conditions de travail tendues. Le directeur du Groupement hospitalier du Nord Essonne (GHNE), dont dépend Longjumeau, s’est rendu sur place pour soutenir les équipes médicales traumatisées, tandis qu’un chef de service rencontrait la famille de la défunte.
Les syndicats hospitaliers et les soignants dénoncent régulièrement la surcharge des urgences à Longjumeau. Faute de lits d’aval, ces lits permettant une hospitalisation prolongée, de nombreux patients restent sur des brancards, parfois des journées entières, dans des box ou des couloirs. La situation est aggravée par l’absence d’unité de chirurgie dans cet hôpital, nécessitant le transfert des patients vers d’autres établissements pour les interventions. Un secouriste habitué des lieux résume la situation : « À chaque fois qu’on y passe, il y a des patients partout. Les équipes sont débordées. »
Un contexte de réduction des moyens
Ce drame intervient dans un contexte de réduction progressive des capacités hospitalières dans le secteur. Entre 2016 et 2020, le Groupement hospitalier du Nord Essonne a perdu 20 % de ses lits en médecine, chirurgie et obstétrique, une situation dénoncée par le député (PS) Jérôme Guedj en juin dernier à l’Assemblée nationale.
L’inauguration en 2024 du nouvel hôpital Paris-Saclay, situé à Orsay, a entraîné une logique de regroupement des moyens au détriment des établissements de Longjumeau et Juvisy. Cette centralisation a laissé ces hôpitaux exsangues, sans les capacités suffisantes pour répondre à l’afflux de patients.
Une enquête et une autopsie pour faire la lumière
Une enquête interne a été ouverte pour retracer le parcours de la patiente au sein des urgences et identifier d’éventuels dysfonctionnements. Une autopsie prévue ce jeudi 9 janvier devrait également permettre de préciser les causes exactes de son décès.
Les représentants syndicaux du GHNE restent prudents, attendant les résultats de l’autopsie avant de s’exprimer publiquement. Cependant, certains évoquent déjà la possibilité de défaillances dans la prise en charge de la jeune femme.