
L’annonce de la suppression de huit postes, dont deux enseignants en art, d’ici la fin de l’année, suscite une vive inquiétude parmi les étudiants et le personnel de cet établissement public renommé.
Une école en tension
Réunis ce mardi 10 décembre dans une salle de repos de l’école, une vingtaine d’étudiants expriment leur angoisse. « On est tous très angoissés pour notre avenir et celui de cette école », confie Len au Progrès, étudiante en troisième année d’art. La suppression de ces postes, annoncée lors d’une réunion il y a deux semaines, touche directement la filière artistique, déjà en difficulté. « L’un de ces professeurs devait nous accompagner jusqu’à la validation de notre diplôme », déplore Len au journal.
Cette décision intervient alors que le Comité social territorial (CST) doit se prononcer sur les suppressions de postes lors d’une réunion extraordinaire prévue le 17 décembre. Une grève des étudiants et enseignants est également programmée ce jour-là pour dénoncer cette situation.
Une école prise dans des tensions politiques
Le budget de l’Établissement public de coopération culturelle (EPCC) Cité du Design, qui regroupe l’école et la Cité du Design, a récemment été au cœur de vifs échanges lors du conseil métropolitain du 5 décembre. Certains élus ont remis en cause la gestion de Marc Chassaubéné, président de l’EPCC et adjoint à la culture de Gaël Perdriau, réclamant même son départ. Ces débats politiques exaspèrent les étudiants.
« En fait, ils font de la politique au lieu de penser à nous », déplore Éline, étudiante en deuxième année de design. « Ils privilégient la Cité du Design et la Biennale 2025, parce que c’est la vitrine, ce qui fait vendre. Pendant ce temps, notre filière art est délaissée. »
Un « appauvrissement » dénoncé
Pour les étudiants, la suppression de ces postes risque de précipiter l’affaiblissement de la filière artistique, déjà fragilisée. « Si on est venu ici, c’est justement parce que l’art et le design étaient complémentaires et non fusionnés comme dans d’autres écoles », explique une étudiante. « Maintenant, ils sont en train de tout détruire. »
Marc Chassaubéné, tout en partageant la crainte des étudiants, se défend en invoquant des contraintes budgétaires imposées par la Métropole. Il dénonce une baisse de 300 000 euros de subventions de la SEM, ce qui rendrait les suppressions de postes inévitables. « On va sciemment abîmer l’école », affirme-t-ilau Progrès.
Mais la présidente par intérim de la Métropole, Sylvie Fayolle, réfute ces accusations. « La Métropole n’est pas responsable, il n’y a pas eu de baisse de subventions », assure-t-elle, rappelant que l’EPCC gère son budget de manière indépendante.
Des étudiants en perte de repères
En attendant, l’incertitude pèse lourdement sur les élèves. « On souffre », confie Pierre au Progrès, étudiant en première année. « Si la filière art continue à perdre ses ressources, on risque de ne même plus pouvoir la choisir à la fin de l’année. »
Face à cette situation, le désarroi et la colère des étudiants sont palpables. La grève prévue le 17 décembre pourrait être l’occasion de faire entendre leur voix et de tenter de sauver une filière qu’ils considèrent comme essentielle à l’identité de l’école.