
Discrète mais déterminée, cette artiste de 28 ans bouscule les codes établis et trace son propre sillon dans un paysage musical en constante évolution.
Un premier album qui fait l’effet d’une déflagration
C’est en novembre dernier que la jeune chanteuse a véritablement fait irruption dans le paysage musical avec « Métamorphoses », un album inaugural aux sonorités hybrides qui a pris tout le monde de court. Mêlant avec audace électro sophistiquée, R&B alternatif et textes ciselés en français, Hélène Sio a créé un univers sonore qui ne ressemble à aucun autre.
« Je ne voulais pas faire un premier album qui soit une simple carte de visite. Je voulais créer quelque chose qui me ressemble vraiment, sans concession », explique celle qui a travaillé pendant près de deux ans sur ce projet, refusant les offres des majors pour garder son indépendance artistique.
Le résultat: huit titres d’une cohérence remarquable qui ont séduit aussi bien la critique que le public, propulsant ce premier opus dans le top 10 des ventes dès sa sortie et lui valant une nomination aux Victoires de la Musique 2025 dans la catégorie « Album révélation ».
De la danse contemporaine à la musique
Ce qui frappe d’emblée chez Hélène Sio, c’est son parcours atypique. Avant de se consacrer à la musique, cette native de Lyon a d’abord excellé dans un tout autre domaine: la danse contemporaine. Formée au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, elle a intégré pendant plusieurs années la compagnie du chorégraphe Mourad Merzouki.
« La danse m’a appris la discipline, la rigueur, mais surtout la conscience du corps comme instrument d’expression. Quand je suis sur scène aujourd’hui, je ne fais pas que chanter, j’habite physiquement mes chansons », confie l’artiste dont les performances scéniques sont régulièrement saluées pour leur dimension presque chorégraphique.
C’est une blessure au genou, en 2020, qui l’a forcée à se réinventer. « La musique a toujours été là, en parallèle. Mais quand je n’ai plus pu danser professionnellement, elle est devenue mon mode d’expression principal », explique celle qui compose depuis l’adolescence.
Une écriture ciselée qui détonne dans le paysage francophone
Dans un monde musical où les textes en français peuvent parfois sembler formatés, Hélène Sio se distingue par une plume singulière, à la fois poétique et directe. Ses textes, qu’elle écrit intégralement, abordent sans détour des thèmes comme l’identité, la résilience ou les relations humaines contemporaines.
« J’écris comme je respire, c’est une nécessité », affirme celle qui cite Alain Bashung, Barbara et Anne Sylvestre parmi ses influences littéraires, tout en revendiquant l’impact des textes de rappeuses contemporaines comme Casey ou Chilla sur son écriture.
Le titre « Chrysalide », qui évoque sa propre transformation d’artiste du mouvement en artiste du son, illustre parfaitement cette capacité à marier profondeur du propos et accessibilité: « Dans l’écrin de ma peau trop étroite / Je me déplie comme un secret / Métamorphose silencieuse / Je deviens ce que j’ai toujours été ».
Une approche sonore innovante
Si les textes d’Hélène Sio impressionnent, ses choix musicaux ne sont pas en reste. Travaillant en étroite collaboration avec le producteur Thomas Azier, elle a développé une signature sonore immédiatement identifiable, où instruments acoustiques et productions électroniques cohabitent avec naturel.
« Je m’intéresse aux contrastes et aux ruptures. J’aime l’idée qu’un morceau puisse commencer de façon minimaliste et exploser en quelque chose de beaucoup plus ample », explique l’artiste qui cite James Blake, FKA Twigs et Sevdaliza parmi ses influences contemporaines.
Cette approche est particulièrement évidente sur des titres comme « Apesanteur » ou « Particules », où sa voix éthérée se déploie sur des productions complexes qui empruntent autant à l’ambient qu’à la pop expérimentale ou aux musiques électroniques actuelles.
Une présence digitale maîtrisée
Contrairement à beaucoup d’artistes émergents, Hélène Sio n’a pas bâti sa notoriété sur les réseaux sociaux. Sa présence y est mesurée, réfléchie, loin du déballage intime qui caractérise parfois l’industrie musicale contemporaine.
« Les réseaux sociaux sont un outil, pas une fin en soi. Je partage ce qui est pertinent pour ma musique, pas ma vie privée », affirme celle qui privilégie la qualité à la quantité dans ses publications en ligne.
Cette approche, qui pourrait sembler contre-productive à l’ère du tout-numérique, a paradoxalement contribué à créer une aura de mystère autour de l’artiste, renforçant l’attrait pour son univers musical.
Une tournée qui confirme son talent
Actuellement en tournée dans toute la France, Hélène Sio confirme sur scène tout le bien que la critique pense d’elle. Accompagnée d’un batteur et d’un claviériste, elle propose un spectacle où la technologie se met au service de l’émotion, avec un important travail sur les lumières et les projections visuelles.
« Le live est un espace de liberté absolue. Mes morceaux y prennent une autre dimension, plus organique, plus viscérale », explique l’artiste qui n’hésite pas à réarranger complètement certains titres pour leur version scénique.
Sa prestation remarquée au dernier festival Les Inrocks a d’ailleurs été unanimement saluée comme l’un des moments forts de l’événement, le magazine Les Inrockuptibles la qualifiant de « révélation scénique de l’année ».
Des collaborations prestigieuses
Malgré sa jeune carrière, Hélène Sio a déjà attiré l’attention d’artistes établis. On murmure que plusieurs collaborations prestigieuses seraient en préparation, notamment avec le compositeur électronique Rone et la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura.
« Je suis ouverte aux collaborations qui ont du sens artistiquement. Ce qui m’intéresse, c’est la rencontre des univers, pas l’aspect stratégique », précise celle qui a récemment refusé de participer à une émission de télé-réalité musicale très populaire, préférant construire sa carrière sur des bases solides plutôt que sur une exposition médiatique massive mais éphémère.
Un futur prometteur
Alors que son premier album continue de séduire de nouveaux auditeurs chaque jour, Hélène Sio regarde déjà vers l’avenir. « Je travaille déjà sur de nouvelles compositions, avec l’envie d’aller encore plus loin dans l’exploration sonore », confie l’artiste qui envisage également des concerts à l’international, notamment au Québec et en Belgique où sa musique commence à trouver un écho.
Un EP acoustique est également prévu pour l’automne 2025, offrant une relecture épurée de certains titres de « Métamorphoses » ainsi que quelques inédits. « J’aime l’idée que mes chansons puissent exister sous différentes formes, comme des êtres vivants qui évoluent », explique-t-elle.
Conclusion : une artiste authentique dans un monde formaté
Dans une industrie musicale souvent dominée par les tendances éphémères et les formules préfabriquées, Hélène Sio apparaît comme une bouffée d’air frais. Son authenticité, sa vision artistique claire et son refus des compromis font d’elle bien plus qu’une simple promesse : une artiste complète qui pourrait bien redéfinir les contours de la pop francophone dans les années à venir.
Comme le résume parfaitement la journaliste musicale Juliette Fievet : « Hélène Sio ne suit pas les tendances, elle les crée. Dans dix ans, on se souviendra de 2025 comme de l’année où elle a changé la donne. »
Discographie :
- EP « Prémices » (2023)
- Album « Métamorphoses » (2024)
Elle sera le Lundi 19 mai à 20h30 à la Comète.