
Après deux agressions rapprochées, dont la dernière survenue le 19 avril, la CGT pointe l’insuffisance des mesures de sécurité mises en place depuis plusieurs années.
Un nouvel incident préoccupant
Le 19 avril dernier, le service psychiatrie du centre hospitalier roannais a été le théâtre d’une nouvelle agression. Un détenu hospitalisé dans ce service a menacé deux membres du personnel soignant – une infirmière et une aide-soignante – avec une brosse à dents modifiée pour servir d’arme improvisée.
Cet incident fait suite à une précédente agression survenue le 4 mars, lorsqu’un ancien patient avait fait irruption dans le service armé de couteaux. Un infirmier avait alors été blessé en tentant de maîtriser l’agresseur.
Des alertes répétées depuis quinze ans
Dans un communiqué transmis le 19 mai à notre rédaction, la CGT rappelle avoir alerté à de multiples reprises la direction de l’établissement sur la question de la sécurité. Selon le syndicat, ces mises en garde remontent à plus de quinze ans, sans que des mesures jugées suffisantes n’aient été prises pour garantir la sécurité du personnel.
Le syndicat considère que la répétition des agressions témoigne clairement de l’inefficacité des actions entreprises jusqu’à présent. La CGT s’interroge également sur l’adéquation des services psychiatriques roannais pour la prise en charge de patients présentant des risques élevés, suggérant que ces derniers devraient plutôt être orientés vers des structures spécialisées comme l’Unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) du centre hospitalier Le Vinatier à Bron.
Des soignants sous pression
La situation affecte profondément le personnel soignant. Selon des informations recueillies par Christian Baujard, délégué syndical FO, certains professionnels renonceraient à porter plainte par crainte de représailles. Il note une montée générale de l’agressivité que la direction tenterait de gérer au cas par cas avec des moyens limités.
Le délégué syndical évoque également la problématique des patients qui nécessiteraient un environnement fermé mais qui ne peuvent en bénéficier faute de places disponibles. En dix ans, malgré les multiples interpellations, les audits réalisés et le déclenchement d’une procédure de danger grave et imminent, les avancées concrètes se résumeraient essentiellement à l’anonymisation des noms sur les blouses du personnel.
Des mesures en cours de déploiement
En réponse à ces critiques, la direction de l’hôpital indique avoir pris plusieurs mesures suite à la dernière agression. Une coordination rapide avec la préfecture et le centre de détention a permis le retour du détenu agresseur dans les 24 heures suivant l’incident.
Par ailleurs, une réduction temporaire de la capacité d’accueil en hospitalisation complète a été mise en place, avec une réouverture progressive amorcée depuis le 14 mai. Les patients nécessitant des mesures d’isolement ont été transférés vers d’autres établissements de la région.
La direction annonce également des investissements dans des dispositifs de sécurisation pour le personnel et un renforcement des infrastructures, sans toutefois en préciser la nature exacte pour des raisons de confidentialité. Selon des sources syndicales, il s’agirait notamment de téléphones d’alerte.
Un appel aux tutelles
Face à cette situation, la CGT en appelle aux autorités de tutelle pour obtenir des moyens financiers permettant d’exercer les missions de service public dans des conditions de sécurité acceptables. Le syndicat soulève également des questions concernant les ressources allouées en personnel médical et paramédical, en formation, en équipement et en locaux adaptés.
Ce climat tendu au sein du service psychiatrie de l’hôpital de Roanne illustre une problématique plus large touchant de nombreux établissements de santé en France, où les équipes médicales doivent composer avec des contraintes budgétaires tout en faisant face à des situations potentiellement dangereuses.