
Une assistante d’éducation a été blessée en tentant de protéger une élève victime de violence, soulevant des questions sur les conditions de travail et la sécurité dans l’établissement.
Les faits : une intervention qui tourne mal
L’incident s’est produit jeudi 15 mai dans la cour de récréation du collège Massenet-Fourneyron au Chambon-Feugerolles. Lors de la pause matinale, une assistante d’éducation âgée de 42 ans a tenté de s’interposer pour secourir une adolescente qui subissait des violences de la part de quatre autres collégiennes.
En essayant d’extraire la jeune victime de cette situation, la surveillante a elle-même été prise pour cible, recevant notamment des coups de sac dans le dos. Suite à cette agression, la professionnelle, qui exerce dans l’établissement depuis une dizaine d’années, s’est vue prescrire un arrêt de travail d’une semaine. Selon ses collègues, elle souffre « d’ecchymoses, de contusions, du cou et du dos », sans compter l’impact psychologique de cette attaque.
Les quatre élèves impliquées dans l’agression ont reconnu avoir porté des coups à leur camarade et ne pas avoir su s’arrêter lorsque l’assistante d’éducation est intervenue. Elles ont écopé d’une exclusion temporaire de huit jours.
Un climat de tension croissante
Pour le personnel de l’établissement, cet événement n’est pas un incident isolé mais l’illustration d’une dégradation progressive du climat scolaire. La source de cette agression serait à chercher sur les réseaux sociaux, où un échange d’insultes aurait dégénéré. Le personnel pointe également du doigt un problème de moyens. Selon eux, le collège a perdu dix heures hebdomadaires d’assistants d’éducation depuis 2020, alors même que les effectifs d’élèves augmentent et que l’établissement accueille. Le matin de l’incident, seulement deux assistants d’éducation étaient présents dans la cour, tandis que l’unique conseiller principal d’éducation (CPE) était en réunion à l’extérieur.
Un mouvement de grève pour alerter
Suite à cet incident qualifié de goutte d’eau qui fait déborder le vase, la CGT Educ’Action 42 a déposé un préavis de grève couvrant les personnels de l’Éducation nationale travaillant dans l’établissement du lundi 26 au mercredi 28 mai.
Un rassemblement est prévu lundi dès 7 heures à l’entrée du collège, avec un temps fort programmé à 9h30. Les grévistes appellent « les élus, les parents d’élèves, le personnel et tous ceux qui les soutiennent » à se joindre à cette mobilisation.
« Nous ne voulons pas attendre qu’un drame survienne pour être entendus », déclare le syndicat dans un courrier adressé à la rectrice de l’académie de Lyon et au directeur des services de l’Éducation nationale dans la Loire.
Des revendications concrètes
Le personnel et la CGT Educ’Action 42 formulent plusieurs demandes précises pour améliorer les conditions de travail et d’encadrement au sein de l’établissement :
- L’affectation d’un conseiller principal d’éducation supplémentaire
- L’augmentation du nombre d’assistants d’éducation (AED), avec « a minima un équivalent temps plein » supplémentaire
- Le classement de l’établissement en REP+ (Réseau d’Éducation Prioritaire renforcé), ce qui permettrait « d’avoir plus de moyens humains et financiers »
La direction soutenue par le personnel
Il est important de noter que le mouvement de contestation ne vise pas la direction de l’établissement. Au contraire, le personnel tient à souligner que leur action s’adresse aux instances académiques et rectorales.
« Nous en appelons à l’académie et au rectorat. Le mouvement de grève n’est pas contre la direction. Elle nous soutient, comme la précédente, et est aussi touchée par la situation », précise un membre du personnel. Selon les grévistes, l’équipe dirigeante est contrainte de « faire de la vie scolaire et d’avoir un rôle éducatif au détriment de leurs missions réelles ».
Joao Pires, le principal du collège, déclare « respecter le choix des personnels à faire valoir leurs droits » et affirme que « chaque jour, les membres de l’établissement font tout pour que les élèves puissent évoluer dans de bonnes conditions ». Il reconnaît l’existence d’incidents, « comme partout », mais assure au Progrès que « globalement, ça fonctionne ».