
Laura, 39 ans, vit proche de Saint-Étienne et trouve de plus en plus difficile de gérer les mails qui arrivent à 19 heures, les notifications de son journal et les SMS incessants. Bien sûr, elle pourrait désactiver les notifications et éteindre son téléphone, mais « dans ce monde, il faut être hyperconnecté, aussi bien au travail que dans la vie privée, et on est toujours attiré par les nouvelles informations », explique-t-elle. De plus, Laura est hypersensible aux ondes électromagnétiques. En France, près de 8,8 % des personnes se plaignent de troubles ou de douleurs attribués à ces ondes. En 2004, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu les symptômes de cette hypersensibilité, également connue sous le nom d’« intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques ».
Hypersensible aux ondes électromagnétiques
Dans un rapport de 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) indique que l’identification de l’électrohypersensibilité repose principalement sur les déclarations des personnes concernées. Selon l’OMS, 10 % des électrosensibles voient leur vie radicalement perturbée. Laura est l’une d’entre elles. En plus du stress lié aux notifications constantes, elle éprouve des douleurs intenses lorsqu’elle rapproche son téléphone de sa tête. « Je ressens des vertiges et des nausées ». Elle souffre également de vertiges persistants, de tremblements, de règles prolongées qui l’épuisent, et de pertes de mémoire. En tant que commerciale dans la Loire, son téléphone est indispensable à son travail. L’hypersensibilité électromagnétique complique aussi son rapport au Wi-Fi. La nuit, elle doit éteindre sa box pour pouvoir dormir. Malgré divers stratagèmes – rideaux anti-ondes, bonnet en cuivre et argent, veste du même matériau – son état continue de se détériorer.
Limiter internet
La solution consiste à minimiser l’utilisation du smartphone et à le garder à distance, malgré les exigences de son métier. « Au début, je n’osais pas dire pourquoi je n’avais plus de portable, je disais que c’était un choix écologique, politique. Puis, quand j’ai expliqué de quoi je souffrais, les gens m’ont regardée comme si j’étais folle. Je ne leur en veux pas. Certains disent qu’on va garder le contact, mais ajoutent : ‘envoie-moi un SMS…’ ». Laura a choisi de vivre à la campagne, près de Saint-Étienne, pour éviter les ondes urbaines. « Je ne vis pas à la bonne époque. J’essaie de ne pas perdre l’énergie de me lever chaque matin, mais il n’y a pas d’avenir pour moi dans ce monde hyperconnecté ». Vivre loin des ondes, limiter l’usage du smartphone et d’Internet, c’est difficile. « Mon voisin habite à 2 km, ce qui me soulage un peu, mais limite les interactions sociales, même si la campagne a ses avantages ». Laura reste optimiste. « C’est une question d’organisation. J’utilise le smartphone pour le travail, mais après 17 heures, je le limite ou je l’éteins ». Idem pour Internet.