
Une série de 14 études scientifiques publiées dans la revue « Environmental Science and Pollution Research » dresse un constat alarmant : nos grands fleuves européens sont massivement contaminés par les microplastiques. Neuf cours d’eau majeurs, dont la Garonne, la Loire, le Rhône, le Rhin et la Seine, ont été passés au crible par une équipe internationale de chercheurs.
Des chiffres qui donnent le vertige
L’étude révèle une concentration moyenne de trois microplastiques par mètre cube d’eau dans l’ensemble des fleuves analysés. Pour mieux comprendre l’ampleur du phénomène, les chercheurs proposent une projection saisissante : à Valence, où le Rhône présente un débit de 1 000 mètres cubes par seconde, ce sont environ 3 000 particules plastiques qui défilent chaque seconde. Sur la Seine, le décompte atteint 900 particules par seconde.
Ces minuscules fragments, inférieurs à 5 millimètres, proviennent de sources multiples : fibres textiles synthétiques libérées lors des lavages, particules issues de l’usure des pneus, résidus de bouchons de bouteilles, ou encore granules industriels échappés lors de leur transport.
Des menaces pour la biodiversité et la santé humaine
Contrairement aux déchets plastiques de grande taille qui flottent en surface, ces microparticules sont facilement ingérées par la faune aquatique. Plus inquiétant encore, une des études a identifié dans la Loire une bactérie virulente fixée sur un microplastique, capable de provoquer des infections chez l’homme.
Cette découverte soulève de nouvelles préoccupations quant aux risques sanitaires potentiels liés à cette pollution diffuse et persistante.
Une mobilisation scientifique sans précédent
L’expédition Tara Microplastiques, à l’origine de ces publications, a mobilisé pas moins de 40 scientifiques issus de 19 laboratoires de recherche différents. Chimistes, biologistes et physiciens ont uni leurs efforts pour dresser ce premier panorama complet de la contamination des fleuves européens.
Vers une réduction drastique de la production plastique
Face à ce constat alarmant, les scientifiques appellent à une action urgente et radicale. La coalition internationale dont fait partie la Fondation Tara réclame une réduction significative de la production de plastique primaire, établissant un lien direct entre volume de production et niveau de pollution. Les chercheurs ont toutefois renoncé à établir un classement des fleuves selon leur degré de contamination, les niveaux observés étant globalement similaires sur l’ensemble des cours d’eau étudiés.