Ce dispositif, présenté cet automne dans plusieurs départements, vise à offrir des couvertures santé avantageuses à une population souvent exclue des mutuelles traditionnelles.
Une mutuelle pour les exclus du système
La Région Auvergne-Rhône-Alpes innove en lançant un dispositif à destination des personnes sans complémentaire santé, estimées à 300 000 sur son territoire. L’objectif ? Lutter contre le renoncement aux soins pour raisons financières. Selon Valérie Lassalle, conseillère déléguée à la mutuelle régionale, “26 % des Français ont déjà renoncé à des soins pour cette raison”.
Le dispositif cible principalement les personnes en situation de précarité relative : travailleurs indépendants, retraités, étudiants, mais aussi toute personne ne bénéficiant pas de la complémentaire santé solidaire (C2S, anciennement CMU-C). Accessible à tous les habitants de la région, cette mutuelle ne comporte ni conditions de ressources, ni questionnaire médical, ni limite d’âge.
Une offre construite avec quatre mutuelles partenaires
La Région agit ici comme intermédiaire et négociatrice, sans créer de service public supplémentaire. Quatre mutuelles ont été retenues via un appel à manifestation d’intérêt pour couvrir les besoins des différents départements, avec Miltis dédiée à la Loire. Pour les étudiants, une offre spécifique, proposée par la SMERRA, est disponible avec des tarifs débutant à 20 € par mois.
Cette mutuelle promet plusieurs avantages :
• Pas de délai de carence, ni augmentation des tarifs au-delà de 85 ans.
• Couverture étendue au-delà des soins 100 % santé (appareils auditifs, implants dentaires, lentilles).
• Prise en charge de dépassements d’honoraires, soins post-cancer (prothèses capillaires, implants mammaires), et contraception non remboursée.
Les habitants peuvent choisir parmi trois niveaux de couverture, selon leurs besoins. La Région met à disposition un site internet et un numéro de téléphone pour faciliter les démarches (04 2800 2800).
Un succès croissant depuis le lancement
Depuis le début de sa mise en place en septembre 2023, 6 400 demandes de devis ont été enregistrées début novembre, indique la Région. Avec des prix annoncés 15 à 25 % inférieurs à la moyenne des mutuelles, l’initiative semble séduire.
Ce dispositif s’inscrit dans une tendance observée depuis plusieurs années, où des collectivités locales ou intercommunales jouent un rôle dans l’accès aux mutuelles. À titre d’exemple, “Ma Commune Ma Santé”, relayée en 2014 par des communes comme Roche-la-Molière, a permis à des milliers de Français d’accéder à des complémentaires santé adaptées. Cependant, ces initiatives locales risquent d’être concurrencées par l’échelle régionale.
Une réponse aux besoins croissants
Avec cette mutuelle régionale, la Région répond à une promesse de campagne et à un enjeu de santé publique. Selon Dino Cinieri, conseiller régional, “l’objectif n’est pas de concurrencer les dispositifs existants, mais d’offrir une alternative et de faire pression pour négocier des tarifs plus avantageux pour tous”.
Alors que les finances publiques sont impactées par la prise en charge tardive de pathologies aggravées, “Ma Mutuelle Région” pourrait jouer un rôle clé dans la prévention et l’accès aux soins. Les élus régionaux rappellent que ce projet s’inscrit dans une politique de santé globale, visant à soutenir les habitants en difficulté face à la hausse des coûts de santé.
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