
Le choix du titre des « Les jeunes amants » est étonnant. En effet, l’utilisation d’un adjectif antonyme à “jeunes” aurait certes rappelé la chanson de Jacques Brel (Les vieux amants), mais surtout, il est employé ici dans un sens particulier, celui d’un amour naissant, même si c’est celui entre une femme de 70 ans et un homme de 45 ans.
Tous les ingrédients d’un bon film
Ce film possède de vrais atouts : son scénario, plutôt original, a été longuement travaillé. Sa mise en scène, soignée, est celle d’une réalisatrice talentueuse : Carine Tardieu. Son casting, de choix, comprend Fanny Ardant, Melvil Poupaud et Cécile de France. Sa direction d’acteurs, impeccable, est très juste, du début à la fin. Les décors, tous naturels, permettent de voir l’Irlande, la Bretagne et la région lyonnaise. La photographie, très belle, atteint des sommets avec une prise de vue d’une plage en nuit américaine. Le montage, de qualité, offre de beaux plans fixes suffisamment longs, tout en étant suffisamment dynamique. La musique, parfois sirupeuse, est à d’autres moments vraiment formidable. Enfin, les dialogues, pourtant chuchotées, restent très compréhensibles.

Un film loin d’être parfait
Malgré toutes ces qualités, ce film est loin d’être parfait. D’abord, à cause du prologue. Celui-ci, imaginé par la co-scénariste habituelle de la réalisatrice, ne permet pas de comprendre pourquoi Pierre (Melvil Poupaud), médecin marié, à la réussite exemplaire, est attiré par Shauna, veuve de 70 ans (interprétée par Fanny Ardant). Au contraire, cette première scène brouille la compréhension du récit. Or, les premiers minutes d’un film sont primordiales pour l’accroche du spectateur. De plus, rien ne permet par la suite de comprendre pourquoi Pierre a cette attirance pour Shauna. Cette énigme est certainement possible dans la vie (en effet, le sujet du film est tiré d’une histoire vraie), mais au cinéma, cela passe mal.
L’influence du cinéma de Claude Lelouch
Même si la réalisatrice considère son film comme un mélodrame et prétend ainsi « répondre à la mort, ou à la peur de la mort par le désir de vie », « Les jeunes amants » est avant tout une romance aussi légère qu’un film de Claude Lelouch. Cette quasi-filiation est telle, qu’un extrait de « Un homme qui me plait » (1969) a été inclus au montage et montre Annie Girardot attendant, tout comme Fanny Ardant, l’homme qu’elle aime.
Une scène pivot tardive
La scène montrant Shauna bloquée dans la baignoire marque un tournant dans le film. Le personnage joué par Fanny Ardant expliquera en effet ensuite à son amant qu’elle va bientôt mourir. Cette dualité conflictuelle entre l’éros et le thanatos offre alors une toute autre tonalité au film, plus grave et fort intéressante. Il est toutefois regrettable que cela intervienne aussi tardivement dans le récit. En salles, au Méliès, à partir du 2 février.
Par Richard Clermont