Au cœur de cette colère : l’État français et l’accord de libre-échange Mercosur, que les agriculteurs dénoncent comme une menace pour leur secteur.
Mercosur : des négociations controversées
L’accord Mercosur, négocié depuis 1999 entre l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique du Sud, vise à faciliter les échanges commerciaux. Un compromis avait été trouvé en 2019, mais la France, parmi d’autres pays, avait refusé de le signer. Depuis 2022, les discussions ont repris, et l’accord pourrait bientôt être entériné, notamment à l’issue du sommet du G20 organisé récemment à Rio de Janeiro.
Les syndicats agricoles, comme la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA), s’insurgent contre cet accord. Ils dénoncent une concurrence déloyale et des standards de production inégaux. « Importer de la viande qui ne respecte pas nos normes pour la faire manger à nos enfants, c’est inacceptable », déclare un représentant local. La colère est d’autant plus vive qu’ils estiment que le président Emmanuel Macron peine à convaincre d’autres pays européens de rejeter cet accord.
Des normes difficiles à garantir
Théoriquement, l’accord impose aux exportateurs sud-américains de se conformer aux normes européennes pour accéder au marché. Mais, sur le terrain, les agriculteurs doutent de l’efficacité de ces garanties. Les « clauses miroirs », censées aligner les standards des deux parties, restent insuffisamment détaillées, et le contrôle à l’importation des produits, comme la viande, demeure problématique.
Un audit récent de la Commission européenne a révélé des failles dans les procédures censées empêcher l’entrée sur le marché européen de viande traitée aux hormones, comme l’œstradiol 17. Ces inefficacités alimentent les inquiétudes des agriculteurs sur la sécurité sanitaire des produits importés.
Une mobilisation qui s’intensifie
Les agriculteurs de la Loire prévoient une deuxième semaine d’actions. Une réunion régionale doit se tenir prochainement pour décider de la suite des événements. « Nous voulons nous faire entendre, mais sans basculer dans la violence. Cependant, il sera difficile de maintenir un mouvement pacifique si nous n’obtenons pas de réponses », confie un syndicaliste.
Les agriculteurs entendent maintenir la pression pour protéger leur métier et réclament une position ferme de l’État face à cet accord qu’ils jugent incompatible avec les exigences du secteur agricole français.