
Cet ancien footballeur professionnel, qui a évolué en Bulgarie et en Algérie, s’est autoproclamé « Pablo Escobar de Montbrison » et sème la terreur dans les tribunaux stéphanois depuis son retour chez sa mère en 2016.
Premier acte : de Beauregard aux barreaux
L’histoire judiciaire de Brahimi débute véritablement en 2018, lorsqu’il comparaît avec dix-sept autres prévenus pour un vaste réseau de trafic de stupéfiants qui prospérait dans le quartier montbrisonnais de Beauregard en 2016. Les enquêteurs décrivent alors un système bien huilé : une Mercedes noire stationnée devant le lycée local pour attirer la clientèle, des « fours » rapportant des millions d’euros à La Ricamarie, et un appartement baptisé « coffee-shop » où trente clients quotidiens côtoient quatre dealers.
L’odeur de cannabis envahissait l’immeuble entier, témoignant de l’ampleur du trafic. Brahimi, identifié comme le cerveau de l’organisation, écope de trois ans ferme. Déjà, l’homme affiche son arrogance caractéristique, déclarant aux magistrats que sa Porsche Cayenne fait de lui un bouc émissaire et se comparant amèrement au tueur en série Nordahl Lelandais pour dénoncer ses conditions de détention.
Deuxième round : trafic depuis les geôles
Six années s’écoulent avant que Brahimi ne retrouve le banc des accusés en 2024. Cette fois, l’accusation est encore plus grave : diriger un nouveau réseau de trafic de cannabis, cocaïne et cigarettes depuis sa cellule du centre pénitentiaire de La Talaudière. L’application Snapchat devient son outil de prédilection pour orchestrer les commandes.
Le business est florissant : dix prévenus impliqués, 745 000 euros de chiffre d’affaires estimé pour la seule année 2021. Durant son procès, Brahimi prend des notes méthodiquement, contestant chaque témoignage avec une assurance déconcertante. Il qualifie les accusations de « machination » liée à sa spectaculaire évasion lors de son interpellation en novembre 2021, quand il a échappé aux gendarmes de Montbrison pour s’enfuir dans les Balkans.
L’intimidation comme méthode
Le climat de peur qui entoure le personnage devient palpable lors des audiences. Seuls deux revendeurs osent le charger, l’un refusant même d’assister aux débats. Les autres se rétractent face au narcotrafiquant, illustrant son emprise psychologique. Ses menaces à peine voilées depuis le box des accusés (« Quand je serai sorti, j’irai demander aux gens ce qu’ils ont dit pendant leur garde à vue ») glacent l’atmosphère.
La sentence tombe : neuf ans ferme, décision contre laquelle il fait naturellement appel.
Troisième épisode : incendies et intimidations
L’hiver dernier, le nom de Brahimi resurgit dans une nouvelle affaire d’embauche de dealers via Telegram, recrutant des jeunes « sans histoires » comme cette étudiante en architecture d’Avignon pour écouler discrètement la marchandise dans le Forez. Bien que son ombre plane sur ces audiences, son implication directe ne peut être établie.
Ce jeudi devait s’ouvrir un nouveau chapitre judiciaire : Brahimi et cinq complices présumés devaient répondre d’incendies criminels commis en 2022 et 2023. Voitures calcinées, façades brûlées, restaurant visé… toujours sur le même territoire de Montbrison, Sury-le-Comtal et Poncins, avec Brahimi désigné comme commanditaire.
La stratégie des assises : coup de maître ou coup de bluff ?
Mais le principal intéressé a encore frappé fort. Absent de l’audience, il a fait appel de l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, réclamant un passage devant la cour d’assises. Une manœuvre inédite qui laisse les professionnels du droit perplexes : « c’est la première fois qu’on voit un mis en cause pour un délit demander à être jugé pour un crime ».
Cette requête extraordinaire a contraint le tribunal à reporter le procès aux 13 et 14 octobre, en attendant l’examen par la chambre de l’instruction. Les avocats des autres prévenus dénoncent unanimement une « manœuvre dilatoire », soupçonnant Brahimi de vouloir gagner du temps, faire pression sur ses coaccusés ou simplement entretenir son image de perturbateur judiciaire.
Un nouveau défenseur de prestige
Pour parfaire sa stratégie, Brahimi a changé d’avocat, choisissant un conseil issu d’un cabinet parisien anciennement dirigé par Eric Dupond-Moretti. Un choix qui en dit long sur ses ambitions et ses moyens financiers.