Pendant plus de cinq heures, un détenu déjà connu pour sa dangerosité a retenu cinq personnes sous la menace d’une arme artisanale.
Une prise d’otages dans l’infirmerie
Tout a commencé dans la matinée, lorsque Irwing S., un détenu âgé de 37 ans, s’est présenté à l’infirmerie pour faire soigner une blessure à la main, résultant d’une bagarre. Une fois à l’intérieur, il a sorti une arme artisanale composée de pics en métal, prenant en otage un surveillant, une psychiatre et trois infirmières.
Exigeant un transfert vers un autre établissement pénitentiaire et réclamant un contact direct avec le ministre de la Justice, Irwing S. a tenu ses otages dans une situation tendue, nécessitant l’intervention des forces spéciales du Raid et des Équipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ERIS).
Une libération progressive
Les négociations, qualifiées de « longues et compliquées », ont finalement permis une résolution pacifique. Les otages ont été libérés un par un, et Irwing S. s’est rendu peu après 15h30. Les cinq personnes retenues, bien que choquées, ont été prises en charge par les secours, tandis que le détenu a été placé en garde à vue. Une expertise psychiatrique devra être réalisée pour évaluer son état mental.
Un profil instable et déjà signalé
Originaire du Guyana, Irwing S. purge une peine de 18 ans de réclusion pour viol avec arme. Détenu à la centrale d’Arles, il est connu pour son comportement instable et avait déjà été signalé pour plusieurs incidents. « C’est un individu qui avait montré sa dangerosité et qui s’était équipé pour occasionner des blessures graves », a déclaré Pierre-Edouard Colliex, préfet de police de Marseille.
Un surveillant de la centrale a décrit un détenu au comportement problématique : « Il râlait beaucoup et causait des problèmes. Mais en centrale, on gère des détenus violents, souvent condamnés à de longues peines. Après dix ans d’enfermement, beaucoup développent des profils psychiatriques. La vraie question est : que fait-on pour ces gens-là ? »
Des inquiétudes pour l’avenir
La centrale d’Arles est tristement célèbre pour des précédents incidents graves, notamment l’assassinat d’Yvan Colonna par un autre détenu en 2022. Cette nouvelle prise d’otages relance le débat sur la gestion des détenus aux profils psychiatriques complexes.
Jessy Zagari, délégué national FO-Justice, a exprimé ses craintes : « Maintenant que les agents ont été libérés, on souffle un peu. Mais on redoute que cette histoire fasse tache d’huile et donne des idées à d’autres détenus. Ces actes graves ne doivent pas rester impunis. Les établissements pénitentiaires ne sont pas adaptés pour accueillir des individus présentant de lourds troubles psychiatriques. »
Un appel à réformes
Cette prise d’otages met en lumière les lacunes du système pénitentiaire face aux détenus souffrant de troubles mentaux graves. Les syndicats réclament des moyens supplémentaires et des établissements spécialisés pour éviter que de telles situations ne se reproduisent.
Pour l’heure, l’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances exactes de l’incident, tandis que la centrale d’Arles reste sous haute vigilance.