L’ancien président de la République, jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, a longuement réfuté les accusations, s’érigeant en victime d’une décennie de calomnies.
Une déclaration liminaire offensive
Invité à s’exprimer en ouverture de l’audience, Nicolas Sarkozy a pris la parole avec force pour défendre son intégrité. Pendant près de vingt minutes, il a affirmé avec véhémence qu’aucun financement libyen n’avait contribué à sa campagne présidentielle victorieuse.
« Vous ne trouverez jamais, jamais, non pas un euro, mais pas un centime libyen dans ma campagne », a-t-il martelé, insistant sur sa volonté de voir triompher « la vérité et le droit ». Selon lui, aucune preuve ne soutient les accusations portées contre lui, et il rejette fermement les conclusions de l’enquête, qu’il estime biaisées et fondées sur des mensonges.
Des accusations contre « trois groupes de menteurs »
Nicolas Sarkozy attribue son renvoi devant le tribunal à ce qu’il qualifie de « complot », émanant de trois groupes :
• Le clan Kadhafi, qui chercherait à se venger de l’intervention militaire française en Libye en 2011.
• Les auteurs et diffuseurs de la note de financement libyen révélée en 2012, qu’il considère comme un faux visant à saboter sa carrière politique.
• Ziad Takieddine, l’intermédiaire dont les témoignages contradictoires ont alimenté l’affaire.
L’ancien président a dénoncé avec ironie les moyens déployés par la justice, qu’il estime disproportionnés : « 59 commissions rogatoires internationales, 25 pays, des centaines de personnes interrogées. On a fait le tour de la Terre et qu’est-ce qu’on a trouvé ? Rien ! »
Les arguments des magistrats contestés
Pour l’accusation, des indices laissent penser qu’un pacte de corruption avec le régime de Mouammar Kadhafi a permis la circulation d’argent liquide pendant la campagne. Un assistant spécialisé du Parquet national financier (PNF) a estimé que 250 000 euros en espèces pourraient avoir été utilisés comme primes ou remboursements de frais.
Cependant, Nicolas Sarkozy rejette ces hypothèses. Selon lui, l’enquête n’a pas démontré d’enrichissement personnel, et les montants évoqués ne suffisent pas à prouver une corruption. Il a souligné que seuls 11 100 euros en liquide avaient été retrouvés, un chiffre dérisoire au regard des accusations.
Des proches également sur la défensive
Aux côtés de Nicolas Sarkozy, deux de ses anciens ministres, Claude Guéant et Brice Hortefeux, sont également jugés dans cette affaire. Tous deux ont plaidé leur innocence, dénonçant, eux aussi, l’absence de preuves concrètes pour étayer les accusations. Ce procès, qui soulève de nombreuses questions sur le financement des campagnes électorales et les relations diplomatiques de la France, se déroule dans un climat tendu. Nicolas Sarkozy, fidèle à son tempérament combatif, a promis de continuer à clamer son innocence tout au long des débats, qu’il qualifie de moment crucial pour défendre son honneur.
L’audience se poursuivra dans les jours à venir, avec la poursuite des auditions et des débats contradictoires sur les éléments avancés par l’accusation.