
Les bâtisseurs ? Huit castors, dont le travail minutieux a non seulement permis de réaliser l’infrastructure souhaitée, mais aussi d’économiser plus d’un million d’euros de fonds publics.
Une efficacité redoutable
L’administration locale avait initialement obtenu un budget de 30 millions de couronnes tchèques (environ 1,19 million d’euros) pour financer la construction du barrage. Toutefois, avant que les procédures administratives ne soient finalisées, la nature avait déjà pris les devants. Sans attendre de permis ni de financement, ces rongeurs ingénieux ont accompli en quelques jours ce que des ingénieurs humains auraient mis des semaines à planifier et construire.
« Les castors sont capables de construire un barrage en une nuit, deux nuits au maximum. Un ouvrier seul mettrait environ une semaine pour accomplir la même tâche », explique Jiri Vlček, zoologiste interrogé par Radio Prague Internationale. Toutefois, Gerhard Schwab, spécialiste des castors au sein de la Federal Nature Conservation Association allemande, nuance : « C’est aussi crédible que d’affirmer que les pyramides ont été bâties en une semaine. Il est plus probable que ces castors aient commencé leur ouvrage il y a plusieurs semaines, sans attirer l’attention. »
Un modèle d’ingénierie naturelle
Au-delà de l’exploit temporel, la qualité du travail accompli par ces constructeurs à fourrure dépasse largement les attentes. « Les castors ont réalisé un excellent travail », affirme Gerhard Schwab. Jaroslav Obermajer, chef du bureau central bohémien de la Czech Nature and Landscape Protection Agency, abonde : « Ils savent instinctivement ce qui est le mieux. Leurs barrages sont toujours placés aux endroits les plus stratégiques, souvent mieux que lorsque nous les concevons sur plan. »
Une étude publiée par l’Urban Ecosystem Research Consortium de Portland/Vancouver confirme d’ailleurs que les barrages érigés par ces animaux filtrent environ deux fois mieux les métaux lourds et autres polluants présents dans l’eau que les structures humaines.
Face à ce constat, les autorités locales ont su faire preuve d’adaptabilité. Plutôt que d’imposer leur projet initial, elles ont reconnu l’efficacité écologique du travail accompli. « Au lieu de dire : “Ce n’était pas ce que nous avions prévu au départ”, elles ont décidé de laisser ces animaux poursuivre leur rôle essentiel », rapporte le journaliste scientifique Ben Goldfarb, spécialiste des castors.
Une revanche sur l’histoire
Longtemps chassés et menacés d’extinction en Europe, les castors ont peu à peu été réintroduits en République tchèque ces dernières décennies. Leur retour ne constitue pas seulement une victoire pour la biodiversité, mais également un apport écologique inestimable.
« Un ruisseau sans castors n’est pas un ruisseau. Ce n’est que de l’eau ! », conclut Gerhard Schwab. Un hommage appuyé à ces bâtisseurs de la nature, dont l’intelligence et l’adaptabilité rappellent que l’ingénierie humaine a encore beaucoup à apprendre du monde animal.