Deux ans après nous avoir régalé à la fois d’une revisite en quintet des B.O de Miles Davis puis d’un mémorable duo plus intimiste, les Frères Belmondo nous reviennent avec un nouveau projet ambitieux dont l’idée leur trottait dans la tête depuis pas mal de temps. En s’attaquant au répertoire du Grateful Dead, le groupe mythique de San Francisco qui aura sévit durant trois décennies (de 1965 à 1995) et avec lequel les Belmondo ont d’ailleurs enregistré leur second album Anthem of the Sun en 1968, c’est la bande-son de toute une époque qui est ressuscitée et plus spécifiquement celle des dix premières années, celles où le jazz -à l’instar des groupes british comme les Beatles et les Stones- s’électrifiait et s’ouvrait aux sons du monde, croisant l’énergie du rock à des échappées psychédéliques, à la recherche d’une forme de spiritualité qu’accompagnaient les substances illicites…
Grateful Dead, groupe culte s’il en est, avec une communauté de fans active et fidèle (les Deadheads), vénérant l’esprit de ces jams collectives emblématiques, notamment celles au Fillmore West le temple du psychédélisme de Bill Graham où se déroulaient ces fameux live marathons en forme de grand’ messe sous acide. Mais des Dead au jazz il n’y a qu’un pas que les frangins Stéphane (trompette et bugle) et Lionel (sax ténor et soprano, flûte)franchissent allégrement avec un collectif de grosses pointures totalement en phase avec leurs intentions, tous imprégnés des sons hérités des 60-70’s. De brillants aventuriers touche à tout avec Thomas Bramerie (contrebasse), Dré Pallemaerts (batterie), Eric Légnini(Fender Rhodes) et Laurent Fickelson (orgue Farfisa, Rhodes), soit un casting de fous pour une musique de feu!
Un dispositif mettant les deux claviers vintage en miroir dans l’esprit des deux guitares du Grateful Dead, les vents fougueusement rugissants des Belmondo se substituant aux voix pour «chanter» les mélodies les plus marquantes sur la rythmique groovy du batteur et du contrebassiste, le répertoire façonné se déroule comme une série de stations sur le chemin illuminé du célèbre band, parcours ouvert à l’impro et aux solos qui déchirent.
Moins hommage qu’interprétation, moins relecture que résurrection, ce Deadjazz qui marie scintillements cosmiques saturés d’électricité, free trip hallucinés, groove funky, blues mystique et hymnes quasi liturgiques, fait revivre comme jamais les grandes heures du Grateful Dead avec audace, impertinence et brio. Mortel, quoi !
Stéphane Belmondo : trompette, bugle
Lionel Belmondo : saxophones, flûte
Dré Pallemaerts : batterie
Eric Légnini : Fender rhodes
Laurent Fickelson : orgue Fatfisa, Rhodes
Thomas Bramerie : contrebasse
Le 4 octobre 2024 à 20h30 au Fil à Saint-Étienne.