Cette situation résulte d’un mouvement de concentration pharmaceutique inédit : les pharmacies des Promenades, de la Fontaine et Principale ont fusionné leurs activités dans les anciens locaux du journal Le Progrès, donnant naissance à la Grande Pharmacie du Progrès.
L’adjointe roannaise au commerce refuse de céder à l’inquiétude. « C’est vrai que trois locaux sont vides, mais il s’agit d’emplacements premium », relativise Sophie Rotkopf dans les lignes du Progrès. Elle se réjouit d’ailleurs que « les locaux du Progrès, lieu emblématique du centre-ville, aient été repris » pour devenir « la grosse pharmacie du centre-ville ».
Cette concentration pharmaceutique répond certes à une logique économique de mutualisation des coûts, mais pose la question de la desserte de proximité pour les habitants des différents quartiers du centre historique.
L’ancienne pharmacie de la Fontaine, perle rare
« L’ancienne pharmacie de la Fontaine occupait un local vraiment superbe », s’enthousiasme l’adjointe. « Situé rue Charles-de-Gaulle, en angle, avec une façade vitrée », énumère-t-elle en assurant que plusieurs repreneurs se positionnent après un abandon estival.
Ces caractéristiques architecturales constituent effectivement des atouts commerciaux majeurs : visibilité maximale, luminosité naturelle et position stratégique sur un axe de circulation piéton important.
La pharmacie des Promenades, optimisme maintenu
« Pour la pharmacie des Promenades non plus, je ne suis pas inquiète », poursuit Sophie Rotkopf, valorisant là encore la situation « en angle » et la « bonne visibilité » du local. Cette configuration architecturale prisée multiplie les façades donnant sur la rue, augmentant mécaniquement l’attractivité commerciale.
L’emplacement sur les Promenades, artère commerçante historique de Roanne, devrait effectivement faciliter la recherche d’un repreneur, à condition que le loyer demandé reste cohérent avec le marché local.
La pharmacie Principale, cas plus délicat
« Pour la pharmacie principale, ça sera peut-être un peu plus compliqué », concède l’adjointe. Le local, de taille plus modeste, bénéficie néanmoins d’une situation « en angle » à proximité immédiate de l’hôtel de ville et de la « locomotive » que constitue la Taverne alsacienne.
Mais c’est surtout son caractère patrimonial qui intrigue. La façade et ses vitrines Art nouveau possèdent une valeur historique indéniable. Toutefois, le bâtiment n’étant pas classé malgré sa présence dans le périmètre de protection de l’hôtel de ville, un futur repreneur pourrait théoriquement modifier l’apparence extérieure du commerce, sauf clause contractuelle spécifique avec le propriétaire privé.
Cette absence de protection réglementaire fait planer la menace d’une défiguration architecturale au profit d’une standardisation commerciale.
Le Crédit Mutuel prisonnier de son bail
L’ancienne agence bancaire de la rue Jean-Jaurès reste elle aussi désespérément vide depuis son déménagement dans le faubourg Mulsant. « Aux dernières nouvelles, le bail était encore en cours », indique Sophie Rotkopf.
Cette situation juridique bloque toute reprise immédiate. « Dans ces conditions, il est probable que la banque paie jusqu’à l’échéance du bail plutôt que de se lancer dans une reprise et de risquer d’être solidaire de son successeur », analyse l’adjointe.
Cette frilosité juridique, compréhensible du point de vue de l’établissement bancaire, condamne néanmoins le local à une vacance prolongée préjudiciable à la dynamique commerciale de la rue.
Des réaménagements inévitables
Après des décennies d’occupation bancaire, les locaux nécessiteront certainement des travaux substantiels de réaménagement avant d’accueillir une nouvelle activité commerciale. Les aménagements spécifiques (chambres fortes, guichets blindés, systèmes de sécurité) devront être démontés ou neutralisés.
Ces contraintes techniques et financières rallongent d’autant les délais de remise sur le marché, transformant cette vacance temporaire en absence commerciale durable.
L’optimisme volontariste face aux réalités du marché
Le discours rassurant de Sophie Rotkopf contraste avec la réalité observable : quatre locaux commerciaux stratégiques restent vides depuis plusieurs mois. Si les emplacements « premium » constituent effectivement des atouts, encore faut-il que l’offre locative corresponde aux capacités financières des repreneurs potentiels et que les projets commerciaux trouvent leur viabilité économique dans un centre-ville roannais confronté à la concurrence des zones périphériques.

