Jeudi 9 septembre, l’émission « Complément d’enquête » va proposer un numéro sur la pénurie de médicaments. Dans l’année 2020, pas moins de 2 446 signalements ont été rapportés à l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament. Trois ans plus tôt on en dénombrait moins de 600 et 89 en 2010. Des chiffres présentés par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produit de Santé (ANSM).
Pourquoi les chiffres grimpent-ils en flèche ?
Si les chiffres sont en hausse, c’est aussi parce qu’un décret impose depuis 2016 que les entreprises pharmaceutiques préviennent sans délai l’ANSM en cas de rupture d’approvisionnement. l’ANSM précise que « la forte augmentation du nombre de signalements est liée à la demande (…) aux laboratoires de déclarer les risques de ruptures de stock le plus en amont possible, et aux dispositions de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020 qui renforce les sanctions financières pour les laboratoires ne respectant pas leurs obligations en la matière. »
Un vrai phénomène de pénurie
Une enquête Ipsos commandée par la Ligue contre le cancer en 2018, a révélé que trois professionnels sur quatre ont constaté une aggravation des pénuries de médicaments en dix ans. Un français sur quatre a déjà été confronté à cette pénurie.
Contactée par France Info et Complément d’Enquête, l’ANSM annonce qu’en mars et avril, ils ont noté 357 et 343 notifications de signalement contre un chiffre de 150 et 250 notifications dans le reste de l’année. Une explication : en 2017, pour lutter contre les émissions polluantes, la Chine a limité l’alimentation en électricité de plusieurs zones industrielles où sont installées notamment des usines pharmaceutiques. La conséquence : une pénurie mondiale d’antibiotiques. Ces ruptures, concernant parfois des médicaments sensibles, sont d’autant plus dramatiques que les professionnels de santé n’ont parfois pas de traitement alternatif. Une étude réalisée fin 2020 par l’UFC-Que Choisir sur un petit échantillon de médicaments en rupture montrait que, dans 18% des cas, « les laboratoires ne proposent tout simplement aucune solution de substitution, laissant entrevoir pour les malades une terrible impasse ». Selon France Info, en 2019, après une rupture de stock d’un médicament appelé le Belustine, une patiente touchée par une tumeur au cerveau est morte après avoir pris une quantité trop importante de Cecenu, traitement de remplacement. Trois cas graves de surdosage ont ainsi été remontés, rapporte l’ANSM dans son rapport annuel de 2019.
Complément d’enquête sera diffusé ce jeudi à 22h55.