Tout le monde s’y attendait, les impôts devaient augmenter partout. Cependant, lorsque l’on interroge les Stéphanois, il est clair que la pilule ne passe pas. Pourtant, Gaël Perdriau, lors de sa campagne, avait affirmé : « Aucune augmentation d’impôt d’ici la fin du mandat en 2026 ». Néanmoins, environ 34 millions de propriétaires soumis à la taxe foncière verront leur facture augmenter d’au moins 3,9 %. Cette augmentation est liée à la revalorisation des bases locatives, indexée sur l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH). C’est l’une des cinq plus fortes augmentations de ces quarante dernières années, bien que presque deux fois moins élevée que l’augmentation historique de 7,1 % en 2023.
Antony, un habitant du quartier Dorian, témoigne : « Ce n’est vraiment pas la joie. Jusqu’à présent, j’ai toujours pu payer mes impôts sans problème, mais cette année, je vais voir s’il est possible de les régler en deux ou trois fois ». Ce trentenaire, salarié au SMIC et propriétaire, s’inquiète de cette facture inattendue. Il raconte : « L’année dernière, je payais environ 1016 euros de taxe foncière parce que je suis propriétaire. Avec la hausse de 15 % cette année, je dois maintenant verser 1168,40 euros ». En sortant ses classeurs pour vérifier, Antony constate que ses impôts ont augmenté de 38 % entre 2018 et 2024, alors que son salaire, lui, est resté inchangé.
Une hausse nationale
À Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, les impôts locaux augmentent également. Le taux communal y prendra 10 %, soit en moyenne 50 euros de plus par foyer. Jonathan Bocquet, adjoint en charge des finances, reconnaît le caractère impopulaire de cette décision, mais il explique que cette hausse est nécessaire pour rattraper les investissements à réaliser, notamment pour la transition écologique et les infrastructures scolaires et sportives. De plus, la population de la ville a augmenté de 13 000 habitants en quinze ans. La suppression de la taxe d’habitation, selon lui, représente un levier de moins pour générer des recettes, tandis que l’inflation de ces trois dernières années a alourdi considérablement le budget de fonctionnement de la ville.
Les propriétaires à bout
Ce qui préoccupe particulièrement les propriétaires, c’est que même ceux qui ne vivent pas dans leur logement financent les équipements et services publics dont les locataires profitent sans rien payer. Anthony propose alors une idée : « Les propriétaires devraient pouvoir répercuter la taxe foncière sur les locataires, comme c’est déjà le cas avec la taxe sur les ordures ménagères ». Selon lui, les propriétaires sont devenus les « vaches à lait ». « C’est incroyable et scandaleux de voter de telles augmentations », s’indigne-t-il.
Anaïs, quadragénaire, partage cette exaspération en nous offrant un café dans son petit F3 de 50 m² : « Si la municipalité pense que nous, les petits propriétaires, sommes riches, elle se trompe complètement. Nous ne sommes déjà pas nombreux à payer cet impôt local, et si cela continue, nous serons encore moins nombreux ». Anaïs envisage même de redevenir locataire : « J’aurais moins de soucis », dit-elle.
Fuir Saint-Étienne ?
Ce n’est pas une situation nouvelle : de nombreux habitants ont déjà quitté Saint-Étienne pour s’installer dans des villes voisines où les impôts sont moins élevés. Pourtant, les élus locaux affirment que la politique menée depuis près de dix ans vise à améliorer la qualité de vie à Saint-Étienne, bien que cela passe nécessairement par des impôts locaux plus élevés. En regardant son avis d’imposition, Anaïs s’étonne : « Cet impôt est inégalitaire. Cette année, je paye une grosse facture alors qu’un ami, avec un bien immobilier similaire à Saint-Jean-Bonnefonds, paie deux fois moins. Cela me fait réfléchir à quitter Sainté. »
Selon un article du Parisien, la taxe foncière à Saint-Étienne représente l’équivalent de deux mensualités supplémentaires pour un propriétaire ayant un logement de 70 m², financé par un prêt à 3,75 % (hors assurance) sur 20 ans. La ville se classe en tête parmi les 32 plus grandes villes où la taxe foncière pèse le plus sur les mensualités d’un prêt immobilier.
Gaël Perdriau : « Les taux d’imposition n’ont pas augmenté depuis 2010 »
Dans une interview au Progrès, Gaël Perdriau explique que la hausse des crédits et la baisse des dotations de l’État pèsent lourdement sur le budget de la ville. Il souligne que « les taux d’imposition à Saint-Étienne n’ont pas augmenté depuis 2010, alors qu’ils ont souvent progressé, et parfois de manière significative, dans de nombreuses grandes villes ». Le maire précise que la ville a déjà réduit ses charges de fonctionnement de 25 % et que la dette par habitant a diminué de façon notable, passant de 2 023 euros à 1 348 euros en dix ans. Il affirme que toute nouvelle réduction des dépenses aurait nui aux services publics.
Perdriau insiste également sur le fait que la ville n’a pas renoncé à ses investissements. « Nous avons investi comme jamais à Saint-Étienne ces dix dernières années et nous ne voulions pas casser cette dynamique », ajoute-t-il. Selon lui, l’augmentation des impôts était le dernier recours pour la ville. « Avec la disparition de la taxe d’habitation, nous avons estimé que l’impact serait modéré », précise-t-il, citant l’exemple d’un couple avec deux enfants vivant dans un logement de 90 m² à Fauriel. En 2020, ils payaient 1 663 euros de taxe foncière et de taxe d’habitation combinées. En 2024, ils paieront 1 186 euros de taxe foncière, soit environ 500 euros de moins, avec une hausse mensuelle de 16 à 20 euros.
Un réveil brutal pour les propriétaires de résidences secondaires
La majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, inexistante jusqu’en 2017, passera de 50 à 60 % dès le 1er janvier 2025 à La Rochelle. La municipalité espère ainsi libérer des logements pour les résidents permanents. Cette décision s’inscrit dans une tendance nationale, où 1 461 communes ont décidé de majorer cet impôt local en 2024, dont un tiers appliquent le taux maximal de 60 %.
Parmi ces communes figurent des lieux de vacances populaires comme Palavas-les-Flots, Capbreton, et Crozon. À Divonne-les-Bains, ville thermale proche de Genève, la surtaxe a également été instaurée. Le maire, Vincent Scattolin, explique que la commune est considérée comme « riche » et ne reçoit plus de dotation globale de fonctionnement de l’État, malgré une croissance de 2,5 % par an de sa population, nécessitant davantage d’infrastructures et de services publics. La surtaxe sur les résidences secondaires devrait rapporter environ 1 million d’euros, qui sera utilisé pour soutenir un développement immobilier raisonné, permettant aux salariés locaux, souvent pénalisés par les prix élevés, de trouver des logements abordables.