Longtemps réclamé par les Stéphanois, le Chronobus M6+ vise à offrir une desserte efficace entre la Métare et Châteaucreux, tout en restant une solution plus économique que le tramway. Ce dernier avait été écarté pour ce tracé en raison de son coût élevé, estimé à 150 millions d’euros, et des contraintes techniques liées à la déclivité du secteur. Avec un investissement de 28 millions d’euros hors acquisition des véhicules, la nouvelle ligne promet néanmoins des performances proches de celles du tramway.
Prolongement de l’actuelle ligne M6, le Chronobus reliera la Métare au square Violette, avant de continuer jusqu’à la Manufacture et Châteaucreux. Avec 23 ou 24 stations, il desservira des lieux clés comme les établissements d’enseignement supérieur, le Centre des congrès, le Parc-Expo ou encore la Cité du design. Saint-Étienne Métropole espère atteindre une fréquentation de 14 000 voyageurs par jour d’ici 2030.
Des trolleybus innovants et confortables
Le Chronobus M6+ sera équipé de trolleybus articulés dernière génération, mesurant 18 mètres et pouvant accueillir jusqu’à 120 passagers. Quatorze véhicules seront déployés, dont dix dès l’inauguration, suivis de quatre supplémentaires. Ces bus silencieux et écologiques disposeront d’un système de rétrovision avec détection des angles morts, une première en France, selon Luc François, vice-président de Saint-Étienne Métropole en charge des transports.
La ligne offrira une fréquence élevée, avec un bus toutes les dix minutes en journée, entre 5 h 30 et minuit. Grâce aux voies réservées et à une priorité systématique aux feux, le temps de trajet sera réduit à 28 minutes contre 40 actuellement, soit un gain de 30 %.
Une réorganisation de la voirie qui fait débat
Pour garantir la fluidité du service, environ 50 % du tracé sera aménagé en site propre, avec des voies exclusivement dédiées aux trolleybus. Cela entraînera une réduction de l’espace disponible pour les voitures sur plusieurs axes majeurs :
• Cours Fauriel : deux voies sur quatre seront réservées aux trolleybus, ne laissant qu’une seule voie dans chaque sens pour les automobilistes.
• Avenue de la Libération : entre la place Jean-Moulin et la place Fourneyron, la circulation automobile sera totalement interdite pour céder l’espace aux trolleybus.
Ces aménagements s’inscrivent dans l’objectif de la Métropole de réduire la part des déplacements en voiture, et donc les émissions de CO₂. Toutefois, des incertitudes subsistent, notamment sur le boulevard Jules-Janin, où la réduction à une voie par sens pourrait entraîner une suppression significative des places de stationnement. « Les études restent à faire », assure Luc François, face aux inquiétudes exprimées par certains habitants.
Un calendrier en deux phases
La mise en service du Chronobus se fera en deux étapes :
1. Septembre 2025 : mise en service du tronçon La Métare/Châteaucreux, soit 6 kilomètres.
2. 2028 : prolongement jusqu’à la Manufacture/Cité du design.
Les premiers travaux débuteront au printemps 2024, avec une accélération prévue pendant l’été. Ce projet intègre également des aménagements pour les piétons et les cyclistes, renforçant l’offre de mobilité douce dans la ville.
Une transformation stratégique pour Saint-Étienne
Le Chronobus M6+ s’inscrit dans une vision plus large de modernisation du réseau de transport public et de transition écologique. En facilitant l’accès aux pôles universitaires, économiques et touristiques, cette ligne ambitionne également de renforcer l’attractivité de Saint-Étienne, avec un objectif de 40 000 étudiants d’ici 2035.
Malgré son potentiel, le projet devra surmonter certains défis, notamment convaincre les automobilistes de modifier leurs habitudes. Si 81 % des participants à la concertation publique se sont montrés favorables, l’impact sur la circulation reste une source de débat dans une ville historiquement centrée sur l’usage de la voiture. Le Chronobus devra prouver qu’il peut concilier fluidité, efficacité et acceptation sociale pour devenir un véritable atout pour la mobilité stéphanoise.