L’incident, survenu à proximité du marché de Noël entre la place Jean-Jaurès et la place de l’Hôtel-de-Ville, a suscité de nombreuses réactions, mais les commerçants, directement concernés, affichent un certain détachement face à ce drame.
« C’est triste, mais il y a des fous partout » : le fatalisme des commerçants
Depuis l’événement, les allées du marché de Noël bruissent de questions des passants et des clients : « Vous l’avez vu ? », « Vous avez eu peur ? », « Vous avez entendu les coups de feu ? ». Pourtant, chez les commerçants interrogés, le ton est unanime : la stupeur a laissé place à une sorte de résignation.
« C’est triste, mais il y a des fous partout », résume un forain. Pour la plupart, cet acte tragique s’inscrit dans une banalisation d’événements similaires. « On voit les forces de l’ordre qui patrouillent, ça rassure », confie Jean-Claude, responsable du manège du Lutin Park. « Mais des choses comme ça, on en entend partout maintenant. On n’a pas changé nos habitudes. »
Nathalie, du stand de churros, partage cet état d’esprit, bien que son propre fils ait aperçu l’agresseur près des jeux pour enfants. « Ça arrive dans toutes les villes, petites ou grandes. Je ne suis pas inquiète. Si ça devait se reproduire, je saurai me défendre. » Une bravade qui illustre une forme de pragmatisme face à une violence jugée presque inévitable.
Une violence quotidienne devenue banale
Plus loin, un fleuriste évoque le climat de tension chronique dans le quartier. « Ici, on est habitués aux bagarres et aux règlements de comptes, souvent liés à la drogue. Ce n’est pas nouveau. Les policiers font leur boulot, mais la violence reste. » Une vision partagée par Virginie, qui gère un stand de boissons chaudes : « Rien ne change pour nous. Ce genre d’événements, on les voit aux infos tout le temps. »
Les habitants, entre vigilance accrue et choc
Si les commerçants affichent un certain détachement, les habitants, eux, semblent plus affectés. Assis sur un banc à proximité des chalets, trois Stéphanois échangent sur le drame. « C’est angoissant », confie l’un d’eux, qui habite près de la place Jean-Jaurès. « On voit ça ailleurs, mais pas chez nous. Maintenant, on fait plus attention. »
Son ami abonde : « Ce n’est pas normal d’avoir peur dans les rues de sa ville. On regarde davantage autour de nous. » Un troisième conclut, le ton grave : « C’est terrible de se dire qu’en sortant de chez soi pour une course, on pourrait ne jamais revenir. »
Une crainte diffuse chez les jeunes
Le sentiment d’insécurité est également palpable chez les plus jeunes. Un groupe de lycéennes, venues flâner au marché après les cours, se dit choqué qu’un tel drame ait eu lieu en plein centre-ville et en début de soirée. « Ce n’est pas comme si on était dans un quartier chaud à une heure tardive. Là, c’est vraiment grave », souligne l’une d’elles.
Leurs parents les ont mises en garde : « Ils nous disent d’être encore plus prudentes. Mais on ne peut pas arrêter de vivre », tempère une autre, tout en admettant que l’événement a ravivé des craintes latentes.
Des patrouilles rassurantes mais insuffisantes
Dans un centre-ville où la présence policière s’est intensifiée depuis mardi, le sentiment général oscille entre une confiance relative envers les forces de l’ordre et une lucidité sur les limites de leur action. Tandis que les commerçants s’efforcent de maintenir une apparente normalité, certains habitants peinent à oublier l’incident.
Face à cette fracture émotionnelle, un constat s’impose : la violence, même ponctuelle, marque les esprits et continue d’interroger sur le sentiment de sécurité dans l’espace public.