
Un chauffeur de la ligne de bus 30 a été victime d’insultes à caractère raciste et de menaces, poussant finalement ce professionnel du transport à abandonner son métier pour se reconvertir.
L’altercation s’est déroulée près de la mairie d’Unieux lorsqu’un automobiliste a interpellé le conducteur de bus. Le différend, initialement lié à un problème de circulation sur une voie étroite, a rapidement dégénéré. L’agresseur a proféré des insultes racistes, accompagnées de menaces avec une clé à molette et de crachats.
Face à cette situation, le chauffeur, employé de Keolis Pays du Forez (prestataire de la Stas), a immédiatement arrêté son véhicule et alerté son centre de contrôle. Les agents de maîtrise dépêchés sur place ont constaté l’état de choc du conducteur, ce qui a conduit à l’intervention des forces de l’ordre et au dépôt d’une plainte officielle.
Un traumatisme profond et personnel
Pour Mourad (pseudonyme utilisé pour préserver son anonymité), âgé de 52 ans, cette agression a réveillé des blessures anciennes. Il a confié que ces insultes racistes lui rappelaient celles subies durant son enfance, soulignant l’impact durable de tels actes sur les victimes.
Ce professionnel, qui avait toujours rêvé d’exercer ce métier depuis son plus jeune âge, s’est retrouvé profondément ébranlé par cet épisode, remettant en question sa carrière dans le transport public.
Une procédure judiciaire exemplaire
L’affaire a été jugée en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité en juin. L’auteur des faits, également poursuivi pour outrage, a été reconnu coupable et sanctionné par une peine de 60 jours-amendes. Le tribunal l’a également condamné au versement de dommages et intérêts à la victime ainsi qu’à SOS Racisme, qui s’était constitué partie civile.
La sanction comprend en outre une amende de 150 euros, le remboursement des frais de justice, et l’obligation de suivre un stage de citoyenneté dans un délai de six mois à ses propres frais.
L’engagement associatif contre le racisme
SOS Racisme a apporté un soutien constant à la victime tout au long de la procédure. Karim Ben Younes, président départemental de l’association, a souligné que cette condamnation rappelle la gravité des propos racistes, qui portent atteinte à la dignité humaine et ne doivent jamais être considérés comme anodins.
L’association a également mis en lumière les conditions de travail difficiles des chauffeurs de transport public, régulièrement confrontés à diverses formes d’incivilités et de violences.
Une reconversion forcée
Malgré sa satisfaction concernant l’issue judiciaire de l’affaire, Mourad reste marqué par cette expérience traumatisante. Durant l’audience, il a observé que l’agresseur minimisait la portée de ses actes, considérant qu’il n’avait rien fait de grave.
Cette agression a motivé sa décision de se battre pour obtenir un procès, refusant de laisser de tels comportements impunis. Cependant, l’impact psychologique a été tel qu’il a finalement rendu les clés de son bus et entamé une reconversion professionnelle dans le secteur de la culture biologique.
Un témoignage sur les conditions de travail
Ce cas illustre la réalité des agressions subies par les professionnels du transport public. Pour Mourad, voir ses anciens collègues partir en tournée suscite désormais une émotion particulière, témoignant de l’attachement qu’il portait à sa profession initiale.
Son parcours souligne également l’importance de ne pas banaliser les actes racistes et leurs conséquences durables sur les victimes, qui peuvent aller jusqu’à un changement radical d’orientation professionnelle.