
Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, s’inquiète pour les librairies indépendantes, tandis que le député Pierrick Courbon critique un double discours.
Une implantation qui divise
L’arrivée de Cultura à Villars, confirmée par le maire Jordan Da Silva en octobre dernier, fait grincer des dents. Située dans la zone commerciale d’Auchan, la friche de 11 000 m² laissée vacante par Alinéa depuis 2020 sera partagée entre Cultura et deux enseignes spécialisées dans l’équipement de la personne.
Cependant, bien avant l’officialisation de ce projet, des libraires indépendants de la région, notamment la Librairie de Paris, avaient exprimé leurs craintes dans un courrier. Déjà ébranlés par l’ouverture de Decitre à Centre Deux en 2024, ils redoutent que cette nouvelle concurrence mette en péril l’équilibre économique fragile du secteur.
Gaël Perdriau monte au créneau
Dans un courrier adressé début décembre au député Pierrick Courbon, le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a exprimé son inquiétude quant à l’impact de cette nouvelle implantation :
« L’arrivée de ce grand distributeur peut représenter une concurrence considérable pour les librairies indépendantes de la métropole. » Il a rappelé son attachement à la préservation de l’offre culturelle locale et au soutien des acteurs économiques de proximité.
La réponse acérée de Pierrick Courbon
Le député socialiste n’a pas tardé à répondre, dénonçant un « double discours » de la part du maire stéphanois.
« Comment pouvez-vous vous émouvoir de l’arrivée de Cultura à Villars après avoir favorisé le développement de Steel, qui a largement contribué au siphonnage commercial du centre-ville ? » a-t-il répliqué.
Pour Pierrick Courbon, la seule différence entre Steel et Cultura réside dans la commune percevant la taxe foncière, Villars plutôt que Saint-Étienne. Il critique également un déséquilibre global dans l’aménagement commercial de la métropole.
Un nouveau projet commercial en suspens
Par ailleurs, Pierrick Courbon a révélé qu’un autre projet de 3 000 m² à La Fouillouse est en attente d’un recours en commission nationale après avoir été rejeté de justesse par la CDAC. Le député s’est opposé à ce projet, soulignant qu’il existe déjà des surfaces vacantes dans la zone, notamment les 11 000 m² de l’ancien bâtiment Alinéa.
« La friche Alinéa permettrait de revitaliser un espace sans consommer de foncier supplémentaire », a-t-il déclaré, en insistant sur la nécessité de réduire l’artificialisation des sols, conformément aux enjeux environnementaux actuels.
Un enjeu économique et écologique
Cette polémique met en lumière les défis liés à l’équilibre entre développement économique et préservation du commerce de proximité. Si Cultura offre une opportunité de redynamisation pour Villars, elle suscite des inquiétudes quant à ses répercussions sur les librairies indépendantes et sur la cohérence des choix d’aménagement dans la métropole stéphanoise. La question reste ouverte : comment concilier attractivité commerciale, soutien aux acteurs locaux et respect des impératifs environnementaux ?