
Sur la pochette de Terre rouge, on découvre Lubiana enfant, au cœur d’un village camerounais. La terre couleur brique, les cases traditionnelles et la forêt environnante encadrent cette petite fille au regard innocent. C’est à Bangoua, en pays Bamiléké, que Lubiana a passé les vacances de son enfance durant la saison des pluies. Née de mère belge et de père camerounais, tous deux architectes, ces séjours ont forgé sa sensibilité et son rapport à ses origines africaines.
La découverte de la kora, un tournant décisif
Le parcours musical de Lubiana prend un tournant décisif lors d’un voyage avec sa mère à Majorque. Sur une place de l’île espagnole, elle entend pour la première fois les sonorités cristallines de la kora. « C’est un coup de foudre ! Ça parle à mon âme ! Ça m’arrête directement !« , raconte-t-elle. Cette rencontre avec la harpe traditionnelle d’Afrique de l’Ouest devient le catalyseur de sa renaissance artistique.
Adoubée par le maître de la kora Toumani Diabaté, qu’elle rencontre après un concert à Bruxelles, Lubiana se lance passionnément dans l’apprentissage de cet instrument ancestral. Ses voyages la mènent à Londres, Los Angeles, et à travers plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Sénégal, la Gambie et le Mali. Dans Terre rouge, elle rend hommage aux griots dans le morceau Djali et propose un duo émouvant avec Toumani Diabaté dans Mali, une collaboration particulièrement précieuse depuis le décès du maître en juillet 2024.
Une pop nomade aux multiples influences
Pour ce deuxième album, Lubiana développe un style qu’elle qualifie de « pop nomade », teinté de R’n’B et de musiques noires. Se définissant comme une « conteuse », elle utilise aussi bien le français et l’anglais que le bangoua et le bambara. Cette diversité linguistique reflète sa volonté de créer des ponts entre ses différentes identités. Dans Farafina Mousso, elle célèbre les femmes africaines avec un refrain en bambara, tandis que La Blanche explore les complexités du métissage.
Un message d’amour pour l’Afrique
À travers son album, elle souhaite partager une image positive et nuancée du continent africain, loin des clichés réducteurs. Pour Terre rouge, la jeune artiste a composé plus de 60 chansons, n’en retenant finalement que 10. Elle s’est entourée de collaborateurs de talent, dont le rappeur Vincha pour certains textes et le producteur Clément Ducol (connu pour son travail avec Camille, Vincent Delerm et Vianney).
Une quête identitaire universelle
L’histoire de Lubiana, dont le prénom signifie « bien-aimée », résonne comme un voyage initiatique. Après s’être détachée un temps de son africanité, elle revient, jeune femme accomplie, célébrer le continent de ses ancêtres. Son album, tissé d’entrelacs de voix et de cordes, embrasse avec douceur et profondeur ses origines africaines, tout en illustrant une quête identitaire universelle. Terre rouge n’est pas seulement un album, c’est le témoignage d’un cheminement personnel vers la réconciliation avec ses racines et l’acceptation de sa multiplicité culturelle.
Lubiana dans le cadre du festival Paroles et Musiques le mardi 20 mai à 18h30 à L’usine.