Casino, fondé à Saint-Étienne le 2 août 1898 sous l’impulsion de Geoffroy Guichard, était le fleuron stéphanois. En 2020, le groupe comptait 10 800 points de vente et 205 000 employés en France et à l’international. Son siège, situé dans le quartier Châteaucreux, abrite plus de 2 000 salariés du distributeur stéphanois, la plupart provenant des locaux du siège historique de la rue de La Montat. L’édifice de 220 mètres de long sur 120 mètres de large avait été présenté comme la plus grande réalisation hexagonale des cinq dernières années en dehors de l’Île-de-France. Qui aurait pu imaginer il y a quelques années que le groupe traverserait une crise sans précédent ?
La dette s’élève à 12 milliards
Les salariés viennent tout juste d’apprendre la nouvelle. Ce n’est pas une dette de 6 milliards comme annoncé précédemment, mais bien une dette colossale de 12 milliards d’euros que le groupe Casino doit rembourser. C’est tout simplement vertigineux. Pour la CGT, « la situation est quasiment désespérée ». Tous les magasins pourraient passer sous les enseignes Auchan et Intermarché. La vente des 58 derniers hypermarchés et des 290 supermarchés marquerait la fin d’une enseigne emblématique. « Sans magasins, le siège social de Saint-Étienne et les entrepôts n’ont plus de raison d’être pour l’enseigne », annonce l’intersyndical. « Ce sera la fin du groupe Casino et un cauchemar économique pour la ville de Saint-Étienne, avec des milliers de chômeurs, et le mot est faible ».
Revivre le cauchemar de Manufrance
Le député de la Loire, Quentin Bataillon, a pris en main le dossier. Il a contacté Bruno Le Maire afin que toutes les organisations syndicales puissent rencontrer le cabinet du ministre de l’Économie. Le tribunal de commerce, contacté par 42info, explique qu’il se prononcera rapidement (NDLR : au plus tard lundi) sur la prolongation ou non de la période de sauvegarde. Les salariés sont très inquiets : « Cette affaire tombe très mal, surtout pendant la période des fêtes de fin d’année. Vous vous rendez compte que l’on parle de la fin de la marque Casino, une enseigne qui a contribué au prestige économique de Saint-Étienne. Saint-Étienne, c’est l’ASSE et Casino quand même ». Ironie du sort, l’AS Saint-Étienne, en Ligue 2 et en vente, comme Casino. Des jours bien sombres s’annoncent pour l’économie stéphanoise.