
Une offre ferme déposée par un géant belge
Selon les informations révélées par La Tribune et confirmées par l’AFP, le groupe belge FN Browning Group (anciennement FN Herstal Group) a déposé une offre ferme pour acquérir environ 70% du capital de Verney-Carron. Cette annonce intervient alors que l’armurier stéphanois, actuellement détenu à 65% par le groupe Cybergun et à 35% par la famille fondatrice, traverse une période financière difficile.
FN Browning Group représente un acteur majeur du secteur avec ses 3 000 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 908 millions d’euros (dont 75 millions de bénéfice) en 2023. Le groupe belge avait déjà fait une incursion sur le marché français en novembre dernier avec l’acquisition de Sofisport, fabricant de munitions de chasse.
Un redressement judiciaire stratégique
Mi-février, face aux difficultés persistantes, Cybergun a placé Verney-Carron en redressement judiciaire devant le tribunal de commerce de Saint-Étienne. Cette procédure, assortie d’une période d’observation de six mois durant laquelle les dettes sont gelées, visait à créer des conditions optimales pour l’arrivée d’un repreneur.
Hugo Brugière, dirigeant de Cybergun, évoque désormais « une avancée récente positive » concernant une prise de capital majeure par un industriel de l’armement de premier plan, sans toutefois confirmer officiellement l’identité du repreneur potentiel.
Des enjeux industriels et stratégiques
Si le plan d’investissement de Cybergun a permis d’assainir partiellement la situation financière et de moderniser une partie de l’outil de production, le développement de la branche militaire à Saint-Étienne peine à se concrétiser. Une commande de 12 000 fusils pour l’Ukraine, parrainée par la France, reste en suspens, tout comme le projet de nouvelle usine.
La situation sociale demeure préoccupante, avec environ 70 salariés en activité partielle depuis décembre. Selon certaines sources, le projet de reprise maintendrait l’activité à Saint-Étienne et développerait la production militaire, mais pourrait s’accompagner de la suppression d’une dizaine d’emplois.
Un repreneur lié à l’État belge
Fait notable, FN Browning Group n’est pas détenu par des capitaux privés mais par la Région wallonne de l’État fédéral belge, via Wallonie Entreprendre. Cette dimension étatique pourrait jouer un rôle significatif dans le contexte d’une « économie de guerre » envisagée à l’échelle européenne.
D’après nos informations, les autorités françaises, qu’il s’agisse de la Direction générale de l’armement (DGA) ou des ministères concernés, suivent de près l’évolution du dossier et pourraient même soutenir cette opération qui concerne le dernier fabricant potentiel de fusils français.
Une prochaine audience est prévue le 9 avril au tribunal de commerce de Saint-Étienne pour faire le point sur la situation.