
&Sur les trottoirs de Saint-Étienne, le spectacle désolant de dépôts sauvages d’objets encombrants est devenu une habitude. Canapés troués, réfrigérateurs rouillés, matelas jaunis… la liste des déchets abandonnés semble infinie. En 2024, ce phénomène a atteint des proportions alarmantes : 800 tonnes de déchets ramassés par la municipalité.
Dix agents mobilisés à temps plein
Pour gérer ces déchets, la Ville a mis en place une équipe spécialisée. « La ville est divisée en cinq secteurs, avec une équipe qui tourne toute la semaine et toute la journée », explique Cyrine Makhlouf, adjointe au maire en charge de la propreté. Malgré cet effort, les dépôts sauvages représentent un coût énorme pour la collectivité : près de 400 000 euros par an.
À titre de comparaison, d’autres villes font face à des problèmes similaires. « À Avignon, où il y a deux fois moins d’habitants qu’à Saint-Étienne, 855 tonnes ont été collectées sur les neuf premiers mois de 2024 », souligne l’élue. La lutte contre ce fléau n’est donc pas qu’une question locale, mais nationale.
Trier, un objectif encore à atteindre
À Saint-Étienne, une partie des déchets collectés est triée. « L’électroménager est envoyé à Envie Loire, et les déchets toxiques à une filiale de Veolia », précise Cyrine Makhlouf. Cependant, la Ville manque de ressources pour un tri systématique. « C’est l’un de nos objectifs d’améliorer cet aspect », ajoute-t-elle.
Une application pour signaler les dépôts
Les habitants ont un rôle à jouer dans cette lutte. L’application MobiliSÉ permet de signaler facilement un dépôt sauvage, avec la possibilité d’ajouter une photo. Le service « cadre de vie » s’engage à intervenir dans les vingt-quatre à quarante-huit heures suivant le signalement. Toutefois, cette réactivité peut avoir un effet pervers : « Le service est tellement efficace que certains habitants pensent qu’il est inutile de se déplacer en déchèterie », regrette l’adjointe.
Vers une politique plus répressive
Pour enrayer ce cercle vicieux, la municipalité envisage des mesures répressives, comme des amendes renforcées pour les contrevenants. L’objectif est clair : responsabiliser les citoyens et réduire un fléau qui pèse lourdement sur le budget de la Ville. En attendant, le combat contre les dépôts sauvages reste une priorité quotidienne pour les agents mobilisés. Pourtant, Cyrine Makhlouf le rappelle : « Les dépôts sauvages, c’est un délit. Le Code pénal prévoit des amendes qui peuvent aller de 68 à 1 500 euros. »
Bientôt dix caméras de vidéoverbalisation nomades
Pourtant, dans les faits, les auteurs de ces incivilités sont rarement punis, pour ne pas dire jamais. Mais cela risque bien de changer. On peut faire enlever ses encombrants, sous conditions Tous les amas d’objets hétéroclites qu’on peut voir sur les trottoirs de la ville ne sont pas forcément des dépôts sauvages. La Ville propose en effet un service (gratuit) de collecte des encombrants. Mais celui-ci n’est pas accessible à tous les Stéphanois, seulement aux personnes ne possédant pas de véhicule, aux personnes à mobilité réduite et aux personnes âgées. Autre condition : le volume total d’objets jetés ne doit pas dépasser les 1 m3. « De plus, il y a certains produits qu’on ne prend, pas, comme les pneus, les gravats ou les cartons », précise Cyrine Makhlouf, adjointe en charge de la propreté.
Prendre rendez-vous auprès de Saint-Étienne Bonjour
Pour bénéficier de cette collecte des encombrants, il suffit d’appeler la plateforme Saint-Étienne Bonjour, au 04.77.48.77.48, pour prendre rendez-vous. « On indique au demandeur le jour de passage et un numéro, qu’il doit scotcher sur les objets à enlever, pour qu’on puisse les identifier. Ceux-ci sont à déposer sur le trottoir la veille après 20 heures ou le jour-même avant 5 heures. » Une équipe du service « cadre de vie », soit trois agents, est dédiée à cette collecte des encombrants du lundi au vendredi. Ils passent tous les matins dans le centre-ville et une fois par semaine, les après-midi, sur les autres secteurs.
97 tonnes collectées l’an dernier, contre 117 tonnes en 2023
Cyrine Makhlouf tient à insister sur le fait qu’« en théorie, la Ville n’a pas à gérer ça, il y a des déchèteries pour ça. C’est vraiment un service qu’on choisit de proposer à nos administrés ».
En 2024, 97 tonnes d’encombrants ont ainsi été récoltées. Un chiffre en nette baisse par rapport aux années précédentes : 108 tonnes en 2020, 119 tonnes en 2021, 125 tonnes en 2022 et 117 tonnes en 2023.