
L’année 2024 a vu naître une nouvelle génération de débiteurs, silhouette inédite dans le tableau du surendettement : les travailleurs au SMIC et les actifs précaires. Leur entrée dans ce cercle vicieux témoigne d’une vulnérabilité grandissante au cœur même du monde du travail.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, ce sont 1 655 dossiers qui ont été déposés auprès de la Banque de France dans la Loire, marquant une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente. Plus préoccupant encore, ce flot montant est alimenté par des primo-déposants, ces nouveaux visages du surendettement représentant 17% des demandes.
Le département ligérien n’est pas un cas isolé, mais sa situation interpelle : avec 10% des dossiers régionaux, il se positionne en deuxième place du triste palmarès d’Auvergne-Rhône-Alpes, derrière le Rhône. À l’échelle locale, les trois agglomérations concentrent 86% des cas, avec une prédominance dans le Roannais (306 dossiers pour 100 000 habitants) et Saint-Étienne Métropole (258 dossiers).
Le portrait-robot du surendetté ligérien se dessine avec netteté : majoritairement locataire (75,6%), souvent isolé – femmes seules, hommes seuls ou familles monoparentales. Si les inactifs restent surreprésentés, la présence croissante de salariés en CDI (23,6%), en CDD (4,9%) ou au chômage (23,9%) révèle l’érosion progressive du pouvoir d’achat causée par une inflation persistante.
Sous le poids d’une dette moyenne de 17 000 euros, ces ménages fragilisés témoignent des séquelles durables d’une crise inflationniste dont les effets se propagent bien au-delà de sa phase aiguë. Face à cette réalité, la Banque de France mise sur l’éducation financière comme rempart préventif, étendant ses interventions jusqu’aux établissements scolaires. Une réunion prévue le 27 mars à Lyon abordera également les dispositifs d’accompagnement liés aux micro-crédits.
Si l’institution se veut rassurante quant à l’évolution de la situation en 2025, l’ombre du surendettement qui s’étend désormais jusqu’aux travailleurs actifs invite à repenser notre compréhension de la précarité économique dans un monde post-inflation.