Vous en êtes témoin au quotidien. Médecins généralistes, dentistes, dermatologues ou autres spécialistes, on n’en trouve pas à Saint-Étienne où la liste d’attente est longue.
8 mois pour un ophtalmo, 6 mois pour un dermato, et les médecins traitants ? Parfois une attente de 3 jours. « Mais Monsieur, je suis cloué au lit ? » Un médecin répond « Je comprends bien, mais je ne travaille que 3 jours par semaine, désolé, appelez un de mes confrères, médecin de nuit ou le 15 ». Une situation intolérable dans la Loire.
Luc souffre de déshydrose aux pieds et aux mains. Une maladie en forme d’eczéma qui gratte et brûle la peau. Il habite Saint-Étienne et ne trouve pas de spécialiste pour le soigner. « Allez vous faire soigner à Lyon » lui répond-on. Mais Luc n’a pas le temps de faire des allers-retours dans la capitale des Gaules. « Lyon, c’est non ».
En France comme à Saint-Étienne, à Roanne aussi ou dans d’autres villes de la Loire ; l’ARS compte 91 médecins pour 100 000 habitants dans notre département. Dans cette enquête, il y a les médecins qui ne travaillent que deux jours par semaines et qui laissent les patients attendre. « Je peux vous proposer un rendez-vous dans 5 jours, ça vous va ? ».
« A chaque fois qu’un de nos médecins part à la retraite, il en faudrait deux autres pour le remplacer »
Pire encore, dans la région Roannaise, 12 600 personnes n’auraient et ne trouveraient pas de médecin. Pour un docteur de Saint-Étienne qui souhaite garder l’anonymat : « A chaque fois qu’un de nos médecins part à la retraite, il en faudrait deux autres pour le remplacer, et croyez-moi c’est impossible dans notre département. Les jeunes médecins veulent du temps libre, s’occuper de leur famille, faire du sport. Evidemment, je les comprends. Mais il n’empêche que cette situation reste dramatique. Et là on parle du département. De la Loire. De Sainté. Mais c’est aussi comme ça partout en France ».
Les gouvernements successifs ont restreint le numerus clausus pendant 20 ans, abaissant le nombre d’étudiants en médecine jusqu’à 3 500 par an. Il faudra attendre les années 2000 pour que la France relance, un peu tard, la fabrique à docteurs. Si le numerus clausus est resté bas si longtemps, c’est aussi parce que les syndicats de médecins à l’époque y voyaient un intérêt économique, en limitant la concurrence. Mais aujourd’hui, il faut autoriser un nombre très important de médecins à s’installer en ville et en campagne et recevoir plus d’étudiants en écoles de médecine. Car il y a urgence dans la Loire et partout.