
Gérard Tardy, maire solitaire dans son fauteuil, contemple l’effondrement de sa majorité municipale. Face à lui, Évelyne Oriol, première adjointe déchue de ses pouvoirs mais toujours en poste, mène la fronde avec une quinzaine d’élus rallié à sa cause. Dans l’opposition, Julien Lequeux observe le spectacle avec un mélange de jubilation et d’exaspération.
Le détonateur de cette crise ? Le refus catégorique du Compte financier unique lors du conseil municipal du 17 juin dernier. Une procédure administrative habituellement validée sans discussion s’est transformée en vote de défiance contre l’édile. Treize jours après ce camouflet, le maire tente un ultime baroud d’honneur en remettant le document aux voix.
Manifestation de choc : quand les biberons descendent dans la rue
Pendant que les élus s’affrontent dans l’hémicycle, dehors c’est l’insurrection des landaus. Une centaine de personnes brandissent pancartes et dessins colorés pour défendre la crèche associative Coline et Colas. Enfants en bas âge, parents inquiets et personnel mobilisé transforment le parvis de la mairie en terrain de protestation familiale.
L’origine du conflit ? Une convention imposée par la municipalité exigeant que seuls les enfants de Lorette puissent fréquenter les crèches. L’association refuse de signer, déclenchant une escalade dont personne ne maîtrise plus les contours. Le maire propose alors une Délégation de service public, solution jugée inadéquate et potentiellement illégale par les opposants.
Le spectacle continue : reproches, accusations et règlements de comptes
Quand vient l’heure du conseil municipal, la salle se remplit d’un public inhabituel. Les membres de Coline et Colas s’installent pour assister à un nouveau round de cette bataille politique. Julien Lequeux saisit l’occasion pour pointer du doigt ce qu’il considère comme une « guerre pour le fauteuil de maire », accusant Évelyne Oriol de jouer les girouettes et d’instrumentaliser le dossier de la crèche.
Ironie du sort, le maire approuve silencieusement chaque critique de son adversaire politique habituel. Évelyne Oriol tente de riposter en reconnaissant ses propres faiblesses tout en contre-attaquant sur l’obsession supposée de l’opposant à son égard.
Épilogue : le CFU rejeté, l’avenir incertain
Malgré les manœuvres du maire, le Compte financier unique essuie un nouveau revers : 18 votes contre, 7 pour et une abstention. Cette situation inédite suspend toutes les modifications budgétaires en cours et pourrait conduire à une intervention de la Cour régionale des comptes.
Les parents s’interrogent légitimement sur l’accueil de leurs enfants à la rentrée de septembre à la crêche, tandis que les habitants de Lorette assistent, médusés, à ce feuilleton municipal où chacun semble avoir oublié l’intérêt général au profit de stratégies personnelles. Entre un maire isolé, une adjointe en rébellion et une opposition qui savoure le chaos, la démocratie locale traverse une zone de turbulences dont l’issue reste imprévisible.