
Une suspension de la réforme est évoquée, mais sans un véritable arrêt, afin d’apaiser les tensions tout en évitant un désaveu politique.
Une stratégie en quête de sémantique
Depuis plusieurs jours, Matignon est en ébullition. François Bayrou, chef du gouvernement, multiplie les consultations pour imaginer un scénario qui suspendrait, sans réellement suspendre, la réforme contestée. Le choix des mots devient crucial pour concilier les attentes des différents camps. Si certains évoquent une pause ou un gel, d’autres misent sur une renégociation à moyen terme.
Pour François Bayrou, le temps presse. Sa déclaration de politique générale est prévue à l’Assemblée nationale ce mardi à 15 heures. En attendant, le Premier ministre explore plusieurs pistes, tout en écoutant les propositions et critiques venues des oppositions, mais aussi de son propre camp, où la question divise.
Des tensions au sein de l’exécutif
Le ministre de l’Économie aurait proposé une renégociation de la réforme en 2025, suivie d’une suspension en 2026. Une hypothèse qui divise et suscite des critiques acerbes. Pour certains proches de l’exécutif, cette option serait une « erreur économique majeure » pour un bénéfice politique incertain.
De l’autre côté, la gauche et les socialistes réclament une suspension immédiate de la réforme, afin de reprendre les négociations sans attendre. Cette revendication est également portée par certains syndicats, qui plaident pour une reprise rapide du dialogue social.
Une conférence sociale pour apaiser les tensions
Pour désamorcer la crise, le gouvernement envisage d’organiser une conférence sociale dès la fin de la semaine à Matignon. Cette réunion avec les partenaires sociaux pourrait offrir une porte de sortie, tout en évitant une censure lors du vote à l’Assemblée nationale prévu ce jeudi.
L’exécutif parie sur une concertation avec les syndicats, jugés moins radicaux que les partis de gauche, pour parvenir à un compromis. Selon un collaborateur gouvernemental, un éventuel accord avec les partenaires sociaux pourrait affaiblir les critiques des opposants politiques, notamment celles du Parti socialiste.
Une course contre la montre
D’ici mardi matin, François Bayrou prévoit un dernier round de consultations avec ses alliés, Les Républicains, et les responsables des deux chambres du Parlement. Le gouvernement se donne 48 heures pour finaliser une stratégie capable de répondre aux attentes des uns sans froisser les autres.