
Entre explosion des dépenses sociales et chute des recettes, la collectivité territoriale navigue en eaux troubles et cherche désespérément une bouée de sauvetage du côté de l’État. Les élus ligériens ont franchi le pas vendredi 27 juin en adoptant une motion officielle réclamant un changement radical du modèle départemental. Cette démarche exceptionnelle témoigne de l’urgence de la situation financière que traverse l’institution.
Des dépenses sociales qui explosent
Le premier semestre 2025 révèle une réalité budgétaire particulièrement préoccupante. Les coûts liés à la prise en charge de la dépendance, du handicap et de l’aide aux familles en difficulté ont bondi de 11,38 millions d’euros par rapport aux prévisions initiales. Cette dérive budgétaire illustre parfaitement le dilemme auquel font face les départements : comment assumer leurs missions sociales obligatoires quand les besoins explosent et que les moyens stagnent ?
L’évolution du coût du Revenu de Solidarité Active constitue l’exemple le plus frappant de cette spirale infernale. En quatorze ans, les dépenses départementales pour cette allocation ont fait un bond spectaculaire, passant de 70 millions d’euros en 2011 à 116 millions en 2025.
Pendant ce temps, la participation de l’État est restée figée à 49 millions d’euros, laissant le département supporter seul l’augmentation de 46 millions d’euros. Cette distorsion croissante entre charges et compensations étatiques place la collectivité dans une situation financière de plus en plus intenable.
Recettes en chute libre
Comme si l’explosion des dépenses ne suffisait pas, le département doit également composer avec un effondrement de ses ressources. En trois ans seulement, les recettes ont chuté de 27 %, privant la collectivité de marges de manœuvre déjà réduites. Cette double peine, hausse des charges et baisse des revenus – crée un étau financier qui se resserre inexorablement sur les finances départementales.
Dans le peloton de queue national
La situation ligérienne n’est malheureusement pas isolée. Selon un rapport récent de la Cour des Comptes, la Loire figure parmi les quinze départements français en plus grande difficulté financière. Cette position peu enviable témoigne d’une crise systémique qui dépasse le cadre local et questionne l’équilibre même du financement des politiques sociales en France.
Un appel à la refonte du système
La solution préconisée par les élus ligériens passe par une révision complète du modèle structurel départemental. Ils demandent à l’État de repenser en profondeur l’équilibre entre missions confiées aux départements et moyens alloués pour les accomplir. Cette revendication s’inscrit dans un débat plus large sur la décentralisation et le financement des politiques publiques locales, enjeux cruciaux pour l’avenir du service public de proximité. Sans réponse rapide et concrète de l’État, la Loire comme de nombreux autres départements risquent de se retrouver dans l’incapacité d’assumer leurs missions sociales fondamentales, avec des conséquences directes sur les populations les plus fragiles.