Le chef-d’œuvre de Francis Ford Coppola revient au cinéma dans son montage ultime. Il sort en salles ce 29 août pour ensuite être disponible en Blu-ray 4K UHD et en version restaurée le 18 septembre prochain. A voir à Saint-Etienne, ce jeudi, dimanche, lundi et mardi (voir les horaires en fin d’article).
40 ans après sa sortie, Apocalypse Now fascine toujours les spectateurs du monde entier qui se demandent à chaque visionnage comment pareil projet a pu être mené à terme.
Fruit d’un tournage cauchemardesque durant lequel son réalisateur Francis Ford Coppola a vécu l’odyssée intérieure de son personnage pour achever son film, sans parler des dépassements de budget, des conditions compliquées aux Philippines et du casting qui pétait un câble dans la jungle, ce classique du cinéma ressort dans un 3ème montage, considéré comme la version finale. L’occasion une nouvelle fois de le vivre en salles, ce qui est loin d’être anodin…
40 ans après, le film culte « Apocalypse Now » ressort dans une nouvelle version
Apocalypse Now Final cut, d’une durée de 3H01, sorti ce 29 août à Saint-Etienne, avant une édition Blu-Ray, apparaît comme un compromis entre les précédentes versions, avec une restauration pour la première fois à partir du négatif original, qui aura pris près d’un an, et une qualité d’image et de son optimum, en 4K Dolby Atmos et Dolby Vision.
« Meilleure version du film au monde », selon le cinéaste, ce « Final cut », présenté pour la première fois en avril au Festival de Tribeca, à New York,« apporte une qualité d’image et de son encore supérieure à ce qu’elle était », dit-il. « Le public pourra voir, entendre et ressentir ce film comme je l’ai toujours rêvé ». A New York, le cinéaste de 80 ans a dit avoir « toujours regretté certaines coupes » qu’il avait dû faire en 1979, mais que la deuxième version lui semblait « peut-être trop longue », d’où cette troisième.
Folie obsessionnelle
Le fait de remettre encore sur l’ouvrage son film témoigne aussi du rapport obsessionnel que le réalisateur du Parrain n’a cessé d’entretenir avec cette oeuvre. Dans son Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes, l’ex-président du Festival Gilles Jacob, qui en était alors le délégué général, se souvient qu’en 1979, Coppola « en était arrivé à un tel niveau de folie obsessionnelle que, les mois précédant Cannes », il créait « une fin par semaine ». Il raconte aussi que le réalisateur américain avait présenté à Cannes deux fins possibles aux festivaliers : « une première fin dans la grande salle de l’ancien palais (des festivals) et, en variante, une autre, dans une petite salle ».
Une « ultime hésitation » qui était venue couronner son « incapacité » à « monter cinquante mille mètres de pellicule » et à « trancher entre différents montages », un travail qui lui aura pris plus de deux ans, souligne Gilles Jacob. Le tournage légendaire de cette adaptation libre de la nouvelle de Joseph Conrad Au coeur des ténèbres, racontant le périple du capitaine Willard (Martin Sheen), chargé de retrouver et d’éliminer le colonel Kurtz (Marlon Brando), avait avant cela rencontré toutes les difficultés imaginables.
« J’avais peur »
« Nous étions dans la jungle. Nous étions trop nombreux. Nous avions beaucoup trop d’argent, beaucoup trop d’équipement. Et petit à petit, nous sommes devenus fous », avait déclaré Coppola au Festival de Cannes. Le tournage débute le 20 mars 1976 aux Philippines. Prévu pour durer quelques semaines, il s’étalera finalement sur 238 jours. Des problèmes auront lieu d’abord avec les acteurs: choisi notamment après le refus de Steve McQueen, Harvey Keitel mécontente Coppola. Il le remplace par Martin Sheen, mais celui-ci fait un infarctus en 1977, et devra être absent plusieurs semaines.
Quant à Marlon Brando, il arrivera sans préparation. Les conditions climatiques seront aussi très difficiles: fin mai 1976, le typhon Olga détruit décor et matériel, interrompant la production pendant six semaines. A cela s’ajoutent les accès de paranoïa de Coppola, sous l’emprise de la drogue, qui a perdu une quarantaine de kilos et a dû hypothéquer ses biens pour financer le film. Le budget, de 13 millions de dollars à l’origine, passera à 30 millions, le conduisant au bord de la ruine. « Soyons honnêtes. J’avais peur », a raconté Coppola au Festival de Tribeca. « Des choses terribles sont arrivées sur ce film », a-t-il reconnu. Mais, « si vous voulez faire de l’art, il faut aussi accepter le risque ».
Le tournage cauchemardesque d’Apocalypse Now a même poussé la femme de Coppola, Eleanor Coppola, à tourner Au coeur des ténèbres, un doumentaire making-of du film. La réalisatrice avait accompagné son époux tout au long du tournage et, à la demande de Francis, avait tenu un journal vidéo.